Salomon Idi Kalonda, dit «SK Della», devant la Cour militaire de Kinshasa/Gombe ce jeudi 17 août

Arrêté manu militari sur le tarmac de l’aéroport international de N’djili et placé depuis lors en détention à la prison militaire de Ndolo, dans la ville de Kinshasa, Salomon Idi Kalonda, dit «SK Della», proche conseiller de Moïse Katumbi, sera ce jeudi 17 août 2023 devant les hauts magistrats de la Cour militaire de Kinshasa/Gombe. Le service de renseignement militaire accuse Salomon SK Della de détention illégale d’arme à feu et de munitions de guerre, d’incitation des militaires à commettre des actes contraires à leur devoir et discipline et d’atteinte à la sûreté de l’État.
Arrêté dans des conditions rocambolesques sur le tarmac de l’aéroport international de N’djili le 30 mai, alors qu’il s’apprêtait à embarquer à bord du jet privé de Moïse Katumbi, leader du parti politique Ensemble pour la République, Salomon Kalonda, bras droit de ce dernier est enfin appelé à comparaître ce jeudi 17 août devant la Cour militaire de Kinshasa/Gombe, selon des sources proches de sa défense.
Le conseiller spécial est poursuivi, entre autres, pour incitation des militaires à commettre des actes contraires à leur devoir et discipline, détention illégale d’arme à feu et de munitions de guerre, et d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat.
Depuis son arrestation, «l’affaire Salomon Kalonda» connaît bien des rebondissements. Elle illustre en outre le durcissement du régime face aux mouvements d’opposition à l’approche des échéances électorales.
En effet, l’arrestation de Salomon Kalonda était intervenue après les violences qui avaient émaillé la marche de protestation contre le cycle électoral jugé «chaotique» à l’appel du collectif de quatre candidats à la présidentielle (Matata Ponyo, Moïse Katumbi, Delly Sesanga, et Martin Fayulu).
Transféré à la prison militaire de Ndolo le 10 juin dernier, le «spécial» doit en outre faire face à une avalanche d’accusations des plus farfelues, à l’exemple de celle que lui imputait récemment le gouverneur de la province du Maniema (dont Salomon Kalonda est originaire) et faisant état de sa complicité dans des cas d’enlèvements qui seraient intervenues au chef-lieu de province.
Selon les avocats belges de Salomon Kalonda, dont Me Alexis Deswaef, les chefs d’accusation qui vont de la détention d’arme à l’incitation des militaires à commettre des actes contraires à leur devoir en passant par l’atteinte à la sûreté de l’Etat et des accointances avec de hauts gradés de l’armée rwandaise en vue d’un coup d’Etat, sont qualifiés de complètement fallacieux. C’est dans ce contexte que la défense a introduit une requête auprès de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). Elle entend par ailleurs déposer une requête individuelle devant le comité des droits de l’homme des Nations Unies à Genève, notamment pour détention arbitraire.

Ensemble pour la République solidaire envers son membre
Concernant l’arrestation de Salomon SK Della, le parti politique Ensemble pour la République, dont il est l’un des cadres, a toujours rejeté toutes les accusations portées sur ce proche de Moïse Katumbi, accusant plutôt le pouvoir de Kinshasa d’envenimer le climat politique à quelques mois des élections.
Pour Dieudonné Bolengetenge, secrétaire général d’Ensemble pour la République, il s’agit là des «manœuvres» des services de renseignement, car, selon lui, Moïse Katumbi «n’a jamais eu l’intention de renverser le pouvoir par les armes».
«Chaque fois qu’il a été question de piéger l’opposition politique, les services de renseignement ont toujours choisi, entre autres méthodes, de faire passer une arme dans l’entourage de personnes que l’on voudrait incriminer. Pour combattre le régime du président Joseph Kabila, nous avons été dans une sorte de rupture officielle avec ce régime en septembre 2015 et nous avons combattu jusqu’aux élections de décembre 2018, sans être tentés de prendre des armes», avait-il déclaré au cours d’une conférence de presse animée à Lubumbashi, depuis le QG de Moïse Katumbi.
«Maintenant, nous sommes à six mois des élections, que nous voulons crédibles, inclusives, démocratiques, apaisées, qu’est-ce qui pourrait nous tenter maintenant? Nous, nous considérons que la conquête du pouvoir dans ce pays doit se faire conformément à la constitution et aux lois en vigueur et non pas par la confiscation par un groupe d’individus ou par le recours à des armes », assure aussi Dieudonné Bolengetenge.
Avec l’ouverture du procès Salomon SK Della, on en saura un peu plus sur ce qui est réellement reproché à ce bras droit de Moïse Katumbi, l’un des candidats déclarés à la présidentielle lors des élections de décembre prochain.

M.M.F.