Un vent de colère souffle sur la province du Kongo-Central après la découverte d’une affaire de spoliation foncière à Kingatoko. L’administrateur du territoire de Kasangulu est accusé d’avoir bradé un terrain crucial, réservé à la construction d’un poste stratégique de la Société Nationale d’Électricité (SNEL), destiné à améliorer l’approvisionnement en électricité de Kinshasa. Ce scandale expose des pratiques de corruption à tous les niveaux et compromet un projet vital pour le développement énergétique de la capitale congolaise.
Un projet vital pour Kinshasa saboté
Le site de Kingatoko, d’une superficie de dix hectares, avait été acquis légalement par la SNEL pour y installer une infrastructure essentielle pour la deuxième ligne d’alimentation en électricité de Kinshasa, en provenance du barrage d’Inga. Ce projet ambitieux était destiné à pallier les carences énergétiques de la capitale, en prévoyant des investissements massifs en études techniques, câbles et équipements nécessaires pour la distribution d’électricité.
Cependant, à peine le projet lancé, un constat inquiétant a été fait : les panneaux d’identification du site avaient disparu et, surtout, le terrain avait été illégalement loti et vendu à des particuliers. Au-delà de la spoliation, un cimetière avait même été installé sur le site, avec la complicité apparente des autorités locales, compromettant ainsi le futur de ce projet d’envergure. Une situation qui jette un éclairage saisissant sur les enjeux de gouvernance locale et de transparence dans la gestion des terres publiques.
Une confrontation tendue et des révélations accablantes
Face à ce scandale, une mission d’investigation réunissant des représentants des ministères des Affaires foncières et du Portefeuille, ainsi que des experts de la SNEL et de l’environnement, s’est rendue sur place. Lors de la rencontre avec l’administrateur du territoire de Kasangulu, celui-ci a tenté de minimiser la situation, arguant que le cimetière était désaffecté depuis plusieurs années. Mais la vérité a éclaté au grand jour : un appel téléphonique en pleine réunion a annoncé… une nouvelle inhumation sur le site. Cette révélation a sidéré l’auditoire, notamment le colonel de la police et le responsable de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) présents lors de l’échange.
L’Administrateur du territoire a été pris en flagrant délit de mensonge, et cette manipulation a jeté une lumière crue sur ses agissements douteux. À la suite de cet incident, la responsabilité de l’administrateur de Kasangulu dans cette affaire est désormais mise en lumière, fragilisant encore davantage la position des autorités locales.
La justice entre en action
Face à l’ampleur du scandale, la justice a été saisie. Le Parquet près le Tribunal de Paix de Kasangulu avait déjà ordonné la fermeture immédiate du cimetière illégal, une décision qui n’a cependant pas été respectée par les autorités locales. Ce n’est qu’après une pression exercée par les représentants de la SNEL et des autorités de Kinshasa que l’administrateur a annoncé, sous contrainte, la révocation de l’autorisation du cimetière. Une décision tardive qui n’efface en rien la gravité des faits.
Pour la SNEL, la situation demeure urgente. L’entreprise, déterminée à mener à bien son projet d’électrification de Kinshasa, envisage désormais de solliciter l’intervention du gouverneur du Kongo-Central pour trouver une solution définitive. En attendant, la population, qui attend avec impatience une amélioration de l’approvisionnement en électricité, suit de près l’évolution de cette affaire. Ce scandale met en évidence une problématique bien plus large : la protection des infrastructures publiques face à la corruption et à la spoliation foncière.
Un message fort pour l’avenir
Ce scandale n’est pas qu’un simple incident local, il soulève des questions profondes sur la gestion des biens publics en République Démocratique du Congo et sur la manière dont les intérêts privés peuvent parfois primer sur l’intérêt général. Le cas de Kingatoko montre, une fois de plus, que les grandes ambitions de développement de la RDC sont souvent entravées par des pratiques de corruption et de mauvaise gouvernance. L’affaire de la spoliation du site de la SNEL pourrait bien être un tournant dans la lutte contre ces fléaux, si la justice et les autorités parviennent à rétablir l’ordre et à protéger les infrastructures publiques essentielles au développement du pays.
Les regards sont désormais tournés vers les autorités nationales et locales pour voir si elles sauront prendre des mesures fermes pour garantir que des incidents similaires ne se reproduisent pas à l’avenir et pour assurer que les projets vitaux pour le pays puissent se concrétiser sans entrave.
Econews