Le 13 juillet 2023, le corps sans vie de Chérubin Okende, ancien ministre des Transports et porte-parole d’Ensemble pour la République, le parti politique de Moïse Katumbi, était découvert dans sa voiture non loin du centre de Kinshasa. Depuis cette date, la justice congolaise brille par son silence.
«Nous sommes toujours sans nouvelle des résultats de l’autopsie. Le parquet refuse de la transmettre à la famille. Nous ne savons rien de l’enquête et le corps de M. Okende n’a toujours pas été rendu », explique Maître Laurent Onyemba, l’avocat de la famille, qui ajoute : «La justice et les autorités comptent sur la fatigue de la famille pour laisser pourrir ce dossier mais nous ne baisserons pas les bras. Nous voulons connaître la vérité, nous voulons savoir pourquoi et qui a tué Chérubin Okende ».
Ce vendredi 12 janvier, la famille de Chérubin Okende a organisé à la paroisse Notre-Dame de grâce dans la commune de Ngaliema, à Kinshasa, une messe en hommage au défunt. L’occasion de montrer sa détermination et sa cohésion six mois après l’assassinat.
Chérubin Okende avait été enlevé sur le parking de la Cour constitutionnelle par des hommes en armes qui ont profité de l’absence de son garde du corps, parti déposer un pli à la cour, pour commettre leur méfait.
Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde Mambu, avait rapidement pointé un doigt accusateur, sans élément de preuve, sur ce garde du corps. Il avait promis que la justice allait élucider l’affaire. Le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Patrick Muyaya, n’avait pas hésité, quelques instants plus tard, à déclarer : «Chérubin Okende a été assassiné dans des conditions qu’il faut élucider. Le gouvernement condamne cet acte ignoble», avant d’ajouter que tous les services ont été instruits pour faire la lumière sur cet acte odieux.
Six mois plus tard, cette lumière n’est toujours pas apparue et la justice congolaise se mure dans le mutisme. Pourtant, au début du mois d’août 2023 une autopsie a été menée par une équipe congolaise accompagnée par un expert sud-africain et une experte belge.
En effet, dans sa volonté annoncée de faire la clarté sur ce dossier, le président de la République avait fait appel «aux pays amis » pour mener cette enquête. Depuis, pas la moindre avancée, pas la moindre communication sur le résultat de cette autopsie.
Plainte en Belgique
Pour tenter de briser la chape de plomb au-dessus de ce dossier, la famille a mandaté l’avocat belge Alexis Deswaef pour déposer une plainte en Belgique contre le chef de renseignements militaire, le général Christian Ndaywell, de nationalité belge.
Ses services ont en effet été cités dans un rapport de l’Agence nationale de renseignements (ANR) pour leur implication directe dans l’assassinat de Chérubin Okende.
Un rapport qui a abondamment circulé dans les cénacles diplomatiques de Kinshasa et sur les réseaux sociaux avant d’être publié par le magazine Jeune Afrique. Une publication qui vaut au journaliste congolais Stanis Bujakera de croupir à la prison centrale de Makala depuis quatre mois. Or, s’il est bien l’un des correspondants du magazine, Stanis Bujakera n’a pas signé cet article. Qu’importe pour la justice congolaise qui a décidé de museler notre confrère à la veille des scrutins présidentiel et législatif.
La justice congolaise prétend qu’elle dispose de preuves pour poursuivre Stanis Bujakera mais quatre mois et plusieurs audiences après son arrestation, ses preuves semblent se déliter au fil des audiences.
En Belgique, l’instruction pour «crime de guerre » visant Christian Ndaywell suit son cours. Le général belge et ses services étaient également apparus dès le 30 mai dans l’arrestation musclée de Salomon Kalonda, le bras droit de Moïse Katumbi. Une autre arrestation et un autre dossier filandreux qui vaut à Salomon Kalonda d’être détenu par les services de renseignements militaires malgré un état de santé qui ne cesse de se dégrader.
Avec La Libre Belgique Afrique