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Sommet de Dakar : « Le véritable changement viendra quand les filles comprendront le système » (Raïssa Malu)

La ministre d’État congolaise Raïssa Malu Dinanga a lancé un vibrant appel à l’engagement civique et politique des jeunes filles africaines, lors du Sommet des filles d’Afrique de l’Ouest et du Centre tenu les 10 et 11 octobre à Dakar, à l’occasion de la Journée internationale de la fille.

Placée sous le thème « La fille que je suis, le changement que je mène », cette rencontre a réuni plus d’une centaine de jeunes filles, de responsables institutionnels et d’acteurs du développement autour d’un même objectif : promouvoir le leadership féminin et accélérer l’autonomisation des adolescentes en Afrique.

Comprendre les mécanismes du pouvoir pour mieux agir

Intervenant dans un panel consacré à l’influence des jeunes filles sur les politiques publiques, la ministre d’État, ministre de l’Éducation nationale et de la Nouvelle Citoyenneté (EDU-NC) de la République démocratique du Congo, a délivré un message à la fois lucide et mobilisateur.

« Si vous êtes sérieuses dans le fait d’influencer les politiques pour qu’elles prennent en charge les conditions des filles, vous devez comprendre mieux le gouvernement, son fonctionnement, qu’il ne se comprend lui-même », a-t-elle affirmé devant un auditoire attentif.

Raïssa Malu a invité les jeunes militantes à s’approprier les mécanismes institutionnels et budgétaires qui guident l’action publique. Pour elle, le langage du gouvernement est celui du budget, et toute démarche de plaidoyer efficace doit s’inscrire dans cette logique.

« Il ne s’agit pas seulement d’aller vers la ministre du Genre ou celle de l’Éducation. C’est un plaidoyer transversal, qui doit impliquer tous les ministères concernés par la question des adolescentes », a-t-elle expliqué.

Pour une réforme budgétaire en faveur des adolescentes

La ministre congolaise a plaidé pour une approche plus structurée des politiques publiques, à travers la mise en place d’un cadre commun d’investissements pour les adolescentes, validé au plus haut niveau des gouvernements.

Selon elle, l’adoption d’un budget-programme comportant un identifiant spécifique permettrait de tracer les dépenses et d’assurer un financement durable des programmes destinés aux jeunes filles.

« Cette réforme rendrait obligatoire l’investissement des gouvernements dans les programmes en faveur des adolescentes et en garantirait le suivi effectif », a-t-elle souligné.

Éducation civique et connaissance du système

Raïssa Malu a également insisté sur la nécessité pour les jeunes filles de renforcer leur culture civique et politique, afin d’interagir de manière plus rationnelle et stratégique avec les décideurs.

« Les lois sont publiques, les budgets sont publics, les actes du gouvernement sont publics. Il est important de les connaître, de les analyser et de venir vers nous dans une démarche rationnelle », a-t-elle exhorté.

Pour la ministre, le véritable changement naîtra lorsque les filles sauront parler le langage du pouvoir, non pas pour le contester de l’extérieur, mais pour y faire entendre leur voix avec compétence et conviction.

Des voix qui s’élèvent pour être entendues

Le Sommet de Dakar a aussi permis aux jeunes participantes de s’exprimer directement. Leur message, relayé par Isabel, venue de Guinée équatoriale, est sans équivoque :

« Nous voulons être prises en compte lorsque notre histoire sera écrite, car nos voix comptent. »

Trente ans après la Déclaration de Beijing sur les droits des femmes, ces jeunes Africaines dénoncent la lenteur des progrès et les promesses non tenues. Elles réclament des mesures urgentes pour mettre fin à la discrimination et à la violence, et garantir leur droit à l’éducation, à la santé, à la protection et à la participation citoyenne.

Tighana MASIALA