Face à la dégradation sécuritaire à Uvira, une réunion interinstitutionnelle présidée par Félix Tshisekedi a décidé d’y dépêcher une mission gouvernementale. Alors que la ville est minée par des tensions internes et la menace du M23, cette initiative vise à apaiser les dissensions entre forces loyalistes et miliciens Wazalendo, devenues incontrôlables.
Une mission gouvernementale à haut risque se prépare pour le Sud-Kivu. Réunis lundi autour du président Félix Tshisekedi, les chefs des principales institutions du pays ont acté l’envoi d’une délégation à Uvira, une ville en proie à de vives tensions sécuritaires qui risquent de basculer à tout moment.
La situation sur place est explosive : entre les dissensions croissantes entre les FARDC et les miliciens Wazalendo — désormais ouvertement incontrôlables — et la pression constante de l’armée rwandaise et des rebelles du M23 aux portes de la ville, Uvira vit sous la menace d’un embrasement généralisé.
«Le Chef de l’État est préoccupé par cette situation et y cherche des solutions à travers une mission gouvernementale diligentée à Uvira», a déclaré Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale, à l’issue de la réunion. Reste à savoir si cette délégation parviendra à calmer les esprits et à rétablir un minimum de cohésion entre les forces supposées défendre la ville.
Au-delà d’Uvira, Tshisekedi rappelle le Parlement à l’ordre
La réunion interinstitutionnelle n’a pas seulement porté sur la crise sécuritaire à l’Est. Alors que les chambres parlementaires sont elles-mêmes traversées par des tensions internes — chacune des deux chambres voyant son président menacé par une motion de défiance — Félix Tshisekedi a appelé à une trêve politique.
Il a exhorté les parlementaires à «une rentrée parlementaire sereine, axée sur les priorités nationales », insistant sur la nécessité de préserver «la souveraineté du pays, l’intégrité du territoire et la sécurité des populations de l’Est ». Le message est clair : en temps de guerre, les querelles de chapelle et les manœuvres politiciennes doivent cesser.
Le chef de l’État a également demandé l’accélération de l’adoption des lois accompagnant les réformes en cours, soulignant le besoin d’une «collaboration interinstitutionnelle » renforcée entre le gouvernement et le parlement. Un vœu pieux dans un contexte où chaque institution semble souvent fonctionner en silo.
Une mission de dernière chance
Si les détails opérationnels de la mission à Uvira n’ont pas été rendus publics, son mandat sera crucial : il s’agira non seulement de calmer les tensions entre militaires et miliciens, mais aussi de restaurer la confiance entre la population et des forces de sécurité divisées.
La tâche s’annonce périlleuse. Les Wazalendo, longtemps présentés comme des patriotes, sont aujourd’hui perçus comme une menace interne. Leur récente confrontation avec les FARDC illustre un dangereux glissement vers la complexité d’un conflit où l’État n’a plus le monopole de la violence légitime.
Personne ne sait encore qui composera cette mission ni quelles marges de manœuvre elle aura. Mais une chose est certaine : si elle échoue, ce n’est pas seulement Uvira qui sombrera, mais aussi la crédibilité de Kinshasa à pacifier l’Est par des voies autres que militaires.
Econews

