C’est un geste politique d’une audace rare et d’une importance capitale. Depuis Bruxelles, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a publiquement tendu la main à son homologue rwandais, Paul Kagame, pour un dialogue direct. Ce revirement spectaculaire dans les relations glaciales entre Kinshasa et Kigali soulève une question fondamentale : cet appel inattendu réussira-t-il là où des années de médiation ont échoué ?
Certes, le scepticisme est de mise, tant l’histoire de la RDC est lourde du poids des conflits et des méfiances régionales. Après une période d’escalade verbale et militaire, voir Tshisekedi proposer de « faire la paix des braves » est un changement de cap qui déroute. Certains y verront un signe de pression subie; d’autres, une manœuvre politique.
Pourtant, il faut lire dans cette initiative, non pas une faiblesse, mais une affirmation de leadership pragmatique. L’échec des multiples processus régionaux, les souffrances continues dans l’Est de la RDC, et l’impasse diplomatique persistante exigent un nouveau logiciel.
Le temps des joutes oratoires n’a rien résolu. En proposant un dialogue de chef à chef, clair et sincère, Tshisekedi choisit de court-circuiter l’inertie et de placer les deux capitales face à leurs responsabilités historiques.
Il ne s’agit pas d’oublier les griefs légitimes, ni de minimiser le rôle des groupes armés. Il s’agit de reconnaître qu’aucune solution durable au drame de l’Est de la RDC ne pourra être trouvée sans une normalisation complète et irréversible des relations entre ces deux piliers de la région des Grands Lacs.
La balle est désormais dans le camp de Kigali. C’est aussi un test de crédibilité pour Kagame.
La volonté affichée de Kinshasa d’entrer dans une nouvelle ère de paix est là. Paul Kagame saisira-t-il cette main tendue, cette opportunité historique de faire taire les armes et de jeter de nouveaux ponts pour l’avenir des peuples congolais et rwandais ?
Le temps nous le dira, mais l’audace de la proposition de Kinshasa mérite d’être saluée comme une tentative courageuse de sortir de l’impasse par la grande porte.
Econews