Trafic d’influence, mauvaise gestion, … le géant minier se meurt : le DG de la Gécamines sur la sellette

L’autoritarisme, la mauvaise gestion, le détournement, la corruption, les abus de pouvoir de l’ARSP et le trafic d’influence sont autant de maux décriés à la Gécamines depuis un certain temps. Tous ces faits rapportés dans la gestion de cette entreprise relevant du Portefeuille de l’État suscitent des interrogations sur le silence de l’Inspection Générale des Finances (IGF) et même de la ministre d’État en charge du Portefeuille. Sinon interroge-t-on : comment le directeur général de la Gécamines peut-il individuellement transformer une mission de contrôle de l’IGF en contrat de consultance pour une campagne budgétaire ? Et pourquoi peut-il se permettre d’usurper le pouvoir de l’Autorité de Régulation de la Sous-traitance du Secteur Privé (ARSP) en recommandant les sous-traitants de son choix auprès des entreprises partenaires de la Gécamines ?

La situation à la Gécamines continue de susciter des inquiétudes parmi de nombreux Congolais, y compris les employés de cette entreprise relevant du portefeuille de l’État. À l’origine, une mauvaise gestion a été dénoncée, notamment par l’Inspection Générale des Finances (IGF), qui n’a pas manqué de citer toutes les personnalités impliquées. Cependant, pour certains, si une mauvaise gestion a eu lieu, elle doit être imputable au Directeur général, celui-là même qui gère l’entreprise au quotidien. Sinon, comment justifier la mauvaise gestion alors que la Gécamines est en processus d’encadrement de l’IGF ?

Répondre à cette question nécessite d’examiner en détail la gestion de cette entreprise, en commençant par la lettre de l’Inspection Générale des Finances (IGF) du 07 novembre 2023, dans laquelle M. Jules Alingete, Inspecteur Général et Chef de service, envoie une mission de consultance à la Générale des Carrières et des Mines (GECAMINES) dans la province du Haut Katanga.

Cette mission avait pour objectif de renforcer les procédures budgétaires, financières et de contrôle interne existantes au sein de la Gécamines, de redynamiser les mécanismes de contrôle interne dans les sites de production et les usines de la Gécamines, de contribuer à l’implémentation de la loi relative aux marchés publics, et de renforcer les capacités du personnel de la Gécamines en matière de gestion des procédures budgétaires, financières, de contrôle interne et de passation des marchés publics.

Cependant, il est surprenant que seulement 28 jours plus tard, le 31 octobre de la même année, le Directeur Général, Placide Nkala, ait été contraint d’écrire à l’IGF pour solliciter un contrat de consultance dans le cadre de la campagne qu’il s’apprêtait à lancer le 1er octobre 2023. Cette campagne visait le renforcement des procédures budgétaires et financières, l’effectivité du fonctionnement de la Cellule de passation de marchés publics, et la redynamisation de l’Audit interne. La lettre consultée par notre journal indique : « Aussi serait-il impérieux de convertir l’équipe d’encadrement et de contrôle de l’Inspection Générale des Finances (IGF) à la Gécamines en une simple «équipe sous contrat de consultance, qui devra travailler avec mes services, afin de réactiver les procédures existantes dans les domaines financier, budgétaire et de contrôle interne… ».

Qu’en est-il des allégations de détournement ?

Un document circulant principalement sur la toile, attribué à l’IGF, a allégué des actes de détournement commis par la Gécamines en 2022, relatifs à des virements réalisés par SIMCO au profit des mandataires et agents de la Gécamines entre octobre et décembre 2020. La Gécamines a rejeté en bloc ces allégations, précisant notamment que « les discussions ont abouti à un paiement de dividende de 211 millions USD en faveur de la Gécamines au titre de l’exercice 2021, constituant le premier versement de dividendes jamais effectué par KCC en 20 années d’existence et le plus important dividende jamais perçu par la Gécamines dans un de ses partenariats. « C’est au regard du résultat exceptionnel et inédit obtenu, qu’une gratification avait été autorisée par le Conseil d’administration de la Gécamines et payée entre octobre et décembre 2022 aux membres de la Commission Ad hoc et aux agents ayant concouru à la réalisation de cet heureux détournement », indique une mise au point faite à ce sujet, avant d’ajouter que ce montant de 211 millions de dollars américains a généré des taxes et impôts pour un total de 71 millions de dollars pour le Trésor public.

Une question, fondamentale est ainsi soulevée : le directeur général de la Gécamines n’entrave-t-il pas lui-même le développement de l’entreprise ? Car, des préoccupations ont été exprimées à son sujet, suggérant que son comportement pourrait être à l’origine des difficultés de cette entreprise relevant du portefeuille de l’État. Il est allégué que les finances de l’entreprise sont en difficulté, et lors d’une réunion des hauts dirigeants, le directeur général aurait indiqué que les salaires ne pourraient être versés. De plus, il est mentionné que certaines banques ne souhaitent plus collaborer avec le directeur général actuel.

CP

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