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Tshisekedi à Astana : les mines bien plus que le football

Tandis que les Léopards de la RDC affrontaient mardi les Lions de la Téranga du Sénégal dans un match décisif, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a créé la surprise en s’envolant pour Astana, capitale du Kazakhstan. Son absence, remarquée au stade des Martyrs de la Pentecôte, cache un enjeu bien plus grand que le football : l’avenir des mines congolaises. En effet, ce déplacement inattendu a un objectif précis : sceller un accord avec le géant minier kazakh ERG (Eurasian Resources Group), dont les activités sont en crise en RDC. Le déplacement d’Astana a été dicté par un match des mines qui valait plus que celui des Léopards.

L’absence remarquée du Président de la République, Félix Tshisekedi, au stade des Martyrs ce mardi 9 septembre, lors du choc décisif entre les Léopards de la RDC et les Lions de la Téranga du Sénégal, n’était pas un simple contretemps. Elle révèle une priorité stratégique : la sécurisation des intérêts miniers de la République Démocratique du Congo.

Alors que toute la capitale vibrait au rythme du match, le Chef de l’État atterrissait à Astana, capitale du Kazakhstan, pour une visite d’État de deux jours dont l’agenda est aussi minéral que politique. Accompagné d’une délégation de poids incluant le ministre des Mines, Louis Watum, et le président du Conseil d’administration et le directeur général de la Gécamines, le Président Tshisekedi avait un objectif clair : restructurer en profondeur la relation avec Eurasian Resources Group (ERG), géant minier kazakh opérant en joint-venture avec la Gécamines dans le Haut-Katanga et le Lualaba.

ERG au cœur des négociations

En effet, les activités d’ERG en RDC sont depuis plusieurs mois perturbées par « diverses interférences » – litiges opérationnels, tensions contractuelles ou défis logistiques – affectant tant la production que les investissements. Cette visite, préparée de longue date à Astana, vise à « clore les litiges et repartir sur de nouvelles bases », selon des sources proches de la Présidence de la République.

Au programme des discussions : une clarification des règles d’engagement, une meilleure intégration des technologies comme l’intelligence artificielle dans l’exploitation minière, et la garantie d’une formation accrue pour les cadres congolais. Des mémorandums d’entente devaient être signés dans ces domaines, marquant une nouvelle ère de coopération structurée.

Une diplomatie économique offensive

La présence du Chef de l’Etat en personne, ainsi que celle des principaux décideurs du secteur minier, souligne l’importance que Kinshasa accorde à ce partenariat. Le Kazakhstan, dont les compétences en extraction et gestion minière sont mondialement reconnues, représente un partenaire technologique et financier de premier plan pour la RDC, qui cherche à maximiser la valeur retirée de ses ressources naturelles.

«Cette visite d’État […] veut entreprendre une coopération mutuellement avantageuse », a confirmé la presse présidentielle, précisant que des accords seraient signés dans les domaines de « l’exploitation minière et de la géologie, couvrant notamment l’exploration, l’extraction, l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les mines et la formation des cadres et techniciens ».

Le calcul présidentiel : les mines plutôt que le football

Si l’absence de Tshisekedi a été vivement commentée – lui qui est connu pour son soutien fervent aux Léopards –, elle envoie également un message fort : la construction économique de la RDC passe par la sécurisation de ses ressources et de ses partenariats stratégiques. Un match de football, aussi important soit-il, ne pouvait primer sur des discussions susceptibles de rapporter des milliards de dollars et de consolider la souveraineté économique du pays.

Alors que les Léopards perdaient tragiquement en fin de match, le président, lui, jouait peut-être une partie bien plus grande à plusieurs milliers de kilomètres de là – une partie où l’enjeu n’est pas un trophée, mais le contrôle et la valorisation du sous-sol congolais pour les décennies à venir.

Econews