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Tshisekedi met la pression sur le Gouvernement et la BCC : «La stabilité monétaire conquise doit se refléter dans la vie quotidienne»

Malgré le raffermissement du franc congolais (FC) sur le marché des changes, les prix des biens et services restent rigides, érodant le pouvoir d’achat d’une population dont 85% vit sous le seuil de pauvreté, selon les derniers indices de la Banque mondiale. Réuni en Conseil des ministres vendredi, le Chef de l’État, Félix Tshisekedi, a tapé du poing sur la table, jugeant que sans effet sur le panier de la ménagère, la stabilité monétaire n’est qu’un « leurre ». Il a ainsi donné des instructions fermes au Gouvernement et à la Banque Centrale du Congo (BCC) pour que la baisse des prix s’opère enfin, exigeant un « mécanisme de suivi strict » et une surveillance accrue des circuits d’approvisionnement pour lutter contre les « pratiques opportunistes » et la «spéculation». La BCC est, quant à elle, appelée à garantir la stricte application du taux de change officiel, Félix Tshisekedi soulignant que la stabilité macroéconomique doit impérativement se traduire par une amélioration tangible de la vie quotidienne des Congolais.

La bataille pour le pouvoir d’achat des Congolais vient de connaître un tournant décisif. Vendredi, lors de la séance hebdomadaire du Conseil des ministres, le Président de la République, Félix Tshisekedi, a tiré à boulets rouges sur le décalage inacceptable entre la performance du franc congolais et la rigidité persistante des prix sur les marchés. Devant l’ensemble du Gouvernement, le Chef de l’État a mis en garde : la stabilité monétaire conquise ne sera qu’une «victoire à la Pyrrhus » si elle ne se ressent pas dans le portefeuille de chaque citoyen.

LE PARADOXE CONGOLAIS : UNE MONNAIE FORTE, UN PEUPLE APPAUVRI

Le constat dressé par le Président de la République est sans appel. Alors que le franc congolais (CDF) affiche un raffermissement notable face au dollar américain sur le marché des changes, les étals des marchés, eux, résistent obstinément à toute baisse significative. Cette rigidité des prix des biens et services, dans un contexte de monnaie nationale performante, crée un paradoxe économique qui ronge terriblement le pouvoir d’achat d’une population déjà exsangue.

Sans incidence réelle et visible sur le panier de la ménagère, le raffermissement du franc congolais n’est qu’un leurre, a fait comprendre le Chef de l’Etat. Cette prise de position frappe fort, alors que les dernières statistiques de la Banque mondiale estiment que 85% des Congolais vivent sous le seuil de pauvreté. Pour le Chef de l’État, la «valorisation du franc Congolais doit être vue à la fois comme un indicateur de stabilité macroéconomique et, surtout, comme un moyen direct d’améliorer le bien-être des populations.»

UN DISPOSITIF DE SUIVI STRICT ET UNE FEUILLE DE ROUTE CLAIRE

Pour briser ce cercle vicieux, le Président Tshisekedi ne s’est pas contenté d’un simple rappel à l’ordre. Il a exigé la «mise en place immédiate d’un mécanisme de suivi strict» destiné à garantir la traduction concrète de l’appréciation monétaire dans l’économie quotidienne des ménages. Cette surveillance accrue s’articule autour d’une feuille de route précise, assignant des missions spécifiques au Gouvernement et à la Banque Centrale du Congo (BCC).

Le gouvernement en première ligne pour la transparence des prix. Le Vice-Premier ministre, Ministre de l’Économie nationale, et l’ensemble des ministres sectoriels ont reçu des instructions précises. Leur mission : mener une chasse impitoyable aux opacités dans les circuits économiques. Il leur est demandé de « renforcer la surveillance, la traçabilité et la transparence» tout au long de la chaîne d’approvisionnement et de distribution, des producteurs aux détaillants.

L’objectif est de démanteler les justifications fallacieuses des hausses de prix en établissant une «stricte adéquation» entre les coûts réels – incluant la production, le transport et la commercialisation – et les prix facturés au consommateur final. Les produits de première nécessité, dont les fluctuations affectent le plus durement les familles, feront l’objet d’une vigilance particulière.

La BCC sommée de durcir le contrôle du marché des changes. De son côté, la Banque Centrale du Congo est appelée à passer la surmultipliée. Après avoir œuvré à la stabilisation du taux de change, elle doit maintenant garantir que cette stabilité profite à tous. Le Président Tshisekedi lui a ordonné de «redoubler d’efforts pour consolider la régulation et la stabilité du marché de change».

Cela implique une application rigoureuse et uniforme du taux de change officiel sur l’ensemble du vaste territoire national, nécessitant un « renforcement des mécanismes de contrôle, de supervision et de communication » de l’institution.

TOLERANCE ZERO POUR LA SPECULATION ET APPEL A LA MOBILISATION CITOYENNE

La communication présidentielle a été particulièrement ferme à l’égard des « pratiques opportunistes » et des « manipulations spéculatives ». Le Chef de l’État a clairement désigné certains opérateurs économiques comme des saboteurs de l’économie nationale, dont les agissements «constituent une atteinte grave à la transparence du marché et sapent la confiance du peuple dans les institutions publiques».

Un message sans équivoque a été envoyé : les contrevenants «devront être sanctionnés avec la rigueur requise, conformément à la Loi». Pour accompagner cette action répressive, une vaste campagne de «communication économique nationale» sera lancée. Son but : informer régulièrement les citoyens sur les prix de référence des produits de base et les encourager à signaler «toute variation injustifiée», faisant de chaque Congolais un acteur de la régulation du marché.

En rappelant sa communication faite lors de la 61ème réunion du Conseil des ministres, le Président Tshisekedi a manifesté sa détermination à voir les effets positifs de la politique monétaire se matérialiser rapidement. La crédibilité de l’action gouvernementale et la confiance de la nation dans sa monnaie sont désormais suspendues à cette exigence de résultats tangibles. La bataille pour le panier de la ménagère est officiellement déclarée.

Econews