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UDPS : la médiation de Tshisekedi échoue à éteindre l’incendie, la guerre des secrétaires généraux persiste

Alors que le Président Félix Tshisekedi s’est personnellement impliqué pour apaiser les tensions au sein de son parti, l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), la crise de leadership qui le déchire semble loin d’être résolue. Vingt-quatre heures après une médiation nocturne à la Cité de l’Union Africaine, les deux camps rivaux campent sur leurs positions, perpétuant un dangereux dédoublement de la direction et plongeant le parti présidentiel dans une incertitude chronique.

Dans la nuit du 19 au 20 septembre 2025, Félix Tshisekedi, en sa double qualité de Chef de l’État et de «Haute autorité de référence » de l’UDPS, a présidé une réunion de crise visant à réconcilier les factions menées par Augustin Kabuya et son secrétaire général adjoint, Deo Bizibu Balola. L’issue apparente était un retour au statu quo ante : M. Kabuya maintenu à son poste de secrétaire général, assisté de M. Bizibu en attendant un congrès extraordinaire prévu en décembre.

Augustin Kabuya s’est montré triomphant à l’issue des discussions, déclarant avoir choisi « la voie de la sagesse pour le bien commun » et affirmé avoir tourné la page des « turbulences » qui ont freiné le parti. Une petite commission de suivi aurait même été mise en place par le Président lui-même pour accompagner cette fragile cohabitation.

La rébellion refuse de plier

Cependant, cet affichage d’unité n’aura tenu que quelques heures. Loin d’enterrer la hache de guerre, le camp de Deo Bizibu a immédiatement contré en réaffirmant sa propre légitimité.

Réuni en session extraordinaire le 20 septembre, ce camp, présenté comme celui des « frondeurs », a reconduit Deo Bizibu dans ses fonctions de «secrétaire général par intérim ».

Dans un communiqué lu à l’issue de cette réunion parallèle, les partisans de Bizibu ont interprété la médiation présidentielle non pas comme un maintien de Kabuya, mais comme une feuille de route vers son départ. Ils se sont félicités de la tenue prochaine d’un congrès et ont «appelé les membres du parti à privilégier l’intérêt général, la tolérance et le respect des textes », sous-entendant que leur adversaire ne les respectait pas.

Surtout, ils ont annoncé une procédure de «remise et reprise» avec Augustin Kabuya, signifiant qu’ils le considèrent non plus comme le secrétaire général en fonction, mais comme un prédécesseur devant leur passer le relais. « Augustin Kabuya va revenir aux bons sentiments et préparer dans la sérénité la remise et reprise », peut-on lire dans le communiqué, un langage qui en dit long sur le rapport de force et la persistance de la fracture.

Une direction fantôme pour le parti présidentiel

Cette situation crée une ambiguïté toxique pour l’UDPS: qui dirige réellement le parti ? D’un côté, Augustin Kabuya, légitimé par la médiation du Chef de l’État; de l’autre, Deo Bizibu, porté par une base frondeuse et se présentant comme le garant du respect des statuts.

Malgré l’intervention personnelle et l’autorité incontestée de Félix Tshisekedi, la crise persiste, révélant la profondeur des divisions et la difficulté à imposer une ligne unique. Cette instabilité persistante au sommet de la formation politique au pouvoir ne fait qu’engendrer une perte de temps et une image écornée pour ce «grand parti national », à un moment crucial pour la majorité présidentielle.

Tous les regards se tournent désormais vers le congrès de décembre, présenté comme la solution ultime. Mais dans un climat aussi délétère, la tenue sereine de cette assemblée décisive semble plus compromise que jamais. La guerre de l’UDPS n’est pas finie; elle n’a peut-être que changé de terrain.

Hugo T.