Arrivé mardi à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, à quelques kilomètres de la ligne de front où de violents combats opposent les troupes loyalistes aux terroristes du M23, l’ancien président kenyan et facilitateur de l’EAC (Communauté de l’Afrique de l’Est) a découvert le drame que vit le peuple martyrisé du Nord-Kivu.
Accompagné du gouverneur-militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima, Uhuru Kenyatta n’a pas caché sa peine : «C’est un véritable désastre !»
«J’ai vu des enfants, des femmes et des vieillards devenir des déplacés dans leur pays. Même si nous avons des problèmes, des mésententes, renonçons d’abord à la guerre. Ces enfants, femmes et vieillards ne sont pas concernés par les causes de cette guerre. Il y a des milliers et des milliers de déplacés, je les ai vus et vous-mêmes vous les avez vus », a-t-il dit, en visite au camp des déplacés du site de Kanyaruchinya.
Au regard de ce drame, l’ancien président kenyan a vivement lancé un appel à la cessation des hostilités : «Arrêtons la guerre, puis nous allons parler. Nous ne pouvons pas dialoguer, puis cesser les hostilités après. Cessons la guerre et puis dialoguons ! ».
Uhuru Kenyatta vient d’achever un séjour de 48 heures dans la capitale Kinshasa, où il a rencontré autorités, diplomates, ONU et communautés des trois provinces de l’est de la RDC les plus affectées par les violences en cours depuis près de 30 ans, le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et l’Ituri.
L’objectif est de préparer la prochaine session de pourparlers de paix sur la situation dans cette région de RDC prévus, selon l’EAC, le 21 novembre à Nairobi.
Les multiples groupes armés opérant dans la région, pour certains depuis près de 30 ans, «devraient déposer les armes et choisir le chemin de la paix par le dialogue, parce que rien ne peut être gagné avec le canon d’un fusil », a déclaré Uhuru Kenyatta, lundi à Kinshasa, devant la presse.
Les groupes armés locaux doivent ensuite «rejoindre un processus politique », les groupes «étrangers » devant quant à eux comprendre que «la RDC n’est plus le champ de bataille pour des problèmes qui ne sont pas de ce pays», a-t-il ajouté.
Appel au calme et à la vigilance
A la suite de folles rumeurs qui ont gagné mardi la ville de Goma, le gouverneur-militaire du Nord-Kivu a appelé la population au calme, indiquant que les troupes des Forces armées de la RDC se comportent bien sur le terrain des opérations pour ramener la paix.
«Au regard des rumeurs faisant état de la présence ennemie dans la ville de Goma, lesquelles rumeurs sont véhiculées par l’ennemi afin de créer une panique générale au sein de la population, je vous demande de rester calme et de vaquer librement à vos occupations ». Et d’ajouter : «Je tiens à vous rassurer que les forces loyalistes se comportent très bien sur le terrain des opérations et contiennent l’ennemi dans les hauteurs de Kibumba».
Toutefois, le gouverneur-militaire demande à la population de «rester vigilant et de résister à l’ennemi».
A noter que, dès le début d’une précédente session de consultations, en avril dernier à Nairobi, les combats avaient repris dans l’Est de la RDC entre les FARDC et le M23. Kinshasa refuse depuis de discuter avec le M23, qu’il qualifie de mouvement «terroriste» soutenu par le Rwanda.
Kigali conteste, accusant en retour l’armée congolaise de collusion avec des rebelles hutu rwandais implantés en RDC depuis le génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda. Ce que nie catégoriquement Kinshasa.
Francis M.