Qui a donc ordonné à la SNEL (Société nationale d’électricité) de vendre mensuellement 100 MW, soit le quart de sa production sur le site d’Inga, à une société privée, Comelco, qui, à son tour, les revend au plus fort aux miniers du Grand Katanga ? Qu’est-ce qui se cache derrière ce contrat, léonin sur toute la ligne, qui dépouille la SNEL d’importants revenus du secteur minier ? A Kinshasa, cette affaire fait grand bruit. On soupçonne une main noire politique qui, malgré la forte opposition de l’ancien comité de gestion de la SNEL, qui a finalement contraint cette entreprise du portefeuille de l’Etat à se dessaisir de ses gros clients du secteur minier. En détention à la prison centrale de Makala, l’ancien directeur général de la SNEL, Jean-Bosco Kayombo, n’aura été qu’un bouc émissaire d’une affaire qui sent la maffia.
La SNEL (Société nationale d’électricité) est malade de son management dégradant depuis des années. En réalité, aux nombreuses difficultés d’exploitation que connaît cette entreprise du Portefeuille de l’Etat, il y a également ces décisions économiquement irrationnelles de ses dirigeants.
Sinon, comment expliquer que la SNEL décide de vendre à vil prix son courant électrique à une société privée qui, à son tour, le revend au double aux mêmes clients de la SNEL, spécialement les miniers du Grand Katanga ? Qu’est-ce qui peut motiver cette décision où une entreprise cède à un tiers non seulement le produit de son exploitation, mais aussi sa clientèle ? Comment en est-on arrivé là ?
Des informations recoupées par Econews renseignent que la SNEL a conclu, dans des conditions non encore élucidées, un contrat de vente de son énergie électrique, produite depuis le site d’Inga (Kongo Central), à une société privée, dénommée Comelco.
Les mêmes sources rapportent que la nébuleuse Comelco est un consortium créé entre Congo Energy et un groupe d’actionnaires, à majorité occidentaux, parmi lequel se retrouve l’ancien architecte du projet de l’immeuble inachevé Rakeen à la place de la Gare sur le boulevard du 30 juin, dans la ville de Kinshasa. Pour sa part, Congo Energy est une entreprise du Groupe Forrest, active dans l’électricité, les énergies renouvelables, la gestion de projets, le développement de nouvelles infrastructures électriques ainsi que la réhabilitation et la maintenance d’installations existantes pour une relance durable du secteur énergétique en RDC.
En effet, les révélations glanées dans les milieux de la SNEL rapportent que la société Comelco achète par mois à la SNEL 100 MW (mégawatt) à cinq (5) centimes de dollars US le KW (kilowatt) pour les revendre aux miniers du Grand Katanga – également clients de la SNEL – au prix prohibitif de 12 centimes de dollars US le KW.
A la lumière de ce montage qui sort pratiquement de l’ordinaire, on ne comprend pas comment la SNEL a dû céder à ce chantage. Quelles sont donc les motivations qui ont poussé la SNEL à vendre au rabais sa production, soit 100 MW, à une société privée qui l’offre par la suite aux mêmes clients de l’entreprise du Portefeuille de l’Etat? Pour quelle raison la SNEL a-t-elle conclu cet accord ?
Voilà des questions qui trouvent difficilement une réponse. On constate néanmoins que la SNEL a curieusement décidé de céder une partie de sa production et son portefeuille client minier à un privé, sans contrepartie réelle.
En interne, on rapporte que le comité de gestion de la SNEL que dirigeait à l’époque Jean-Bosco Kayombo – en détention à la prison centrale de Makala – s’était opposé à ce contrat, totalement déséquilibré, clamait-il, avant de se raviser sous la pression politique ?
Qui a donc poussé la SNEL a conclure un contrat aussi léonin ? Au Gouvernement de faire toute la lumière sur cette question.
Une fois de plus, ce contrat de vente de 100 MW à une société privée donne la preuve du drame qui ronge les entreprises du Portefeuille de l’Etat.
En réalité, ces entreprises, à l’instar de la SNEL, font l’objet d’une razzia, organisée en haut lieu. La SNEL n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Econews promet de se pencher sur ce dossier pour démonter les éléments du puzzle. Car, de probantes indiscrétions indiquent que, derrière Comelco, il existe des ramifications savamment entretenues par de gros bras politiques. On voit mal comment la SNEL pouvait conclure un accord aussi déséquilibré sans une solide couverture politique.
Dossier à suivre.
Econews