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Une jeunesse gardienne de sa mémoire

L’engagement sans faille de Patrick Muyaya, Porte-parole du Gouvernement, devant les étudiants de l’Université de Kinshasa (Unikin) ce mercredi, dépasse le simple cadre d’une prise de parole officielle. Il s’agit ni plus ni moins d’un acte politique fondateur, d’un appel à la mobilisation intellectuelle et patriotique de la jeunesse congolaise face aux manipulations narratives qui entourent la crise sécuritaire dans l’Est du pays.

Le constat de M. Muyaya est aussi lucide qu’inquiétant : comment envisager une paix durable si la jeunesse congolaise, cette majorité démographique qui porte l’avenir du pays, ne s’approprie pas pleinement son histoire ?

Les accords de Washington et de Doha, aussi prometteurs soient-ils sur le papier, ne sauraient constituer une fin en soi. Ils ne sont que des étapes dans un combat bien plus vaste – celui de la préservation de la mémoire collective et de l’intégrité territoriale.

La démarche du Porte-parole gouvernemental mérite d’être saluée à double titre. D’abord, elle rompt avec une tradition politique qui a trop souvent marginalisé la jeunesse dans les grands débats nationaux. Ensuite, elle reconnaît l’université comme espace légitime de formation du citoyen, bien au-delà de sa simple fonction de transmission des savoirs académiques.

Pourtant, cet éveil des consciences ne saurait se limiter aux enceintes universitaires. L’entreprise de désinformation menée par certains voisins régionaux se joue aujourd’hui sur les réseaux sociaux, dans les foyers, à travers des canaux médiatiques transfrontaliers. La bataille pour la vérité historique doit donc être menée avec la même intensité sur tous les fronts, avec des outils adaptés à chaque génération.

Les prochaines rencontres annoncées avec les milieux estudiantins devront s’accompagner d’un véritable plan stratégique d’éducation civique et historique. Il ne s’agit pas simplement de déconstruire le narratif mensonger de Kigali, mais de reconstruire une conscience nationale unifiée, armée intellectuellement contre toutes les formes de manipulation.

Le défi est de taille : former une jeunesse qui connaît suffisamment son histoire pour ne pas la laisser réécrire, suffisamment informée pour discerner les véritables enjeux géopolitiques, et suffisamment engagée pour défendre l’intégrité territoriale de la nation. C’est à cette condition seulement que les accords de paix pourront trouver un terreau fertile pour s’épanouir durablement.

La route sera longue, mais le premier pas a été franchi. À la jeunesse congolaise maintenant de relever ce défi historique – celui d’être à la fois la mémoire vivante de son pays et l’architecte de son avenir.

FK