Dans l’Union sacrée de la nation (USN), la plateforme née de la rupture de la coalition FCC-CACH, les violons sont loin de s’accorder. A la base : la guerre des ambitions. Les transfuges du FCC (Front commun pour le Congo), passés dès lors dans l’USN, ne cachent plus leurs frustrations. Ils disent n’avoir pas été bien servis après avoir donné des béquilles au Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour s’affranchir de Joseph Kabila. Pour calmer la tempête, Jean-Marc Kabund, 1er vice-président de l’Assemblée nationale et président ad intérim de l’UDPS, a été envoyé en mission. Depuis lors, l’enfant terrible bute à un mur, apparemment infranchissable. Majoritaire au sein de l’USN, les ex-FCC sont en colère, faisant terriblement tanguer le bateau USN.
La cible des députés ex-FCC est Jean-Marc Kabund, le vice-président de l’Assemblée nationale et président a.i. de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), le parti présidentiel. Ces élus reprochent au président intérimaire de l’UDPS de n’avoir pas bien assuré la défense de leurs intérêts, l’une de ses promesses.
En effet, lors d’une réunion, le vice-président de l’Assemblée nationale avait promis, la main sur le cœur, qu’il se ferait le porte-parole du groupe des transfuges du FCC qui constituent le gros des troupes de l’Union sacrée de la nation. Ces députés ont toujours estimé que leurs intérêts n’ont jamais été pris en compte dans le partage des responsabilités. Ils ont régulièrement clamé avoir été floués par le leadership de la coalition.
Lors du partage, il est donc apparu que ce groupe est en colère. Kabund qui est au cœur de leurs desiderata n’est pas toujours parvenu à les calmer. Bien au contraire, cette colère enfle malgré la distribution des Jeeps neuves, dons du président de la République, selon plusieurs sources parlementaires.
Le partage des postes au sein des entreprises publiques étant en cours, il n’y a plus d’autres échéances pour pouvoir discuter des postes. C’est donc ce dernier virage qui pourra mettre en mal l’unité de l’Union sacrée de la nation.
S’il est vrai que ce groupe occupe les fonctions de vice-Premier ministre à travers Jean-Pierre Lihau, il ne demeure pas moins vrai que face à l’UDPS, ils n’ont pas été servis à la hauteur de leur poids politique. D’ailleurs, pour eux, ils ont fait la concession la plus importante en acceptant de céder les fonctions de Premier ministre qui devaient leur revenir en toute logique.
En colère, le groupe démontre la fragilité de l’Union sacrée qui ne peut être considérée comme la voie par laquelle devra passer la matérialisation effective de l’alternance après la fin de la coalition FCC-CACH !
Au PPRD, Shadary s’organise
Les contradictions au sein de l’USN sont finalement arrivées aux oreilles du FCC. Au niveau du PPRD (Parti du peuple pour la démocratie et la reconstruction), son secrétaire permanent, Emmanuel Ramazani Shadary, arrivé troisième à la présidentielle de décembre 2018, a trouvé l’occasion de battre le rappel des troupes. Depuis quelque temps, Shadary consulte et cherche à répertorier au niveau de 26 fédérations les membres qui sont restés à Joseph Kabila.
En réalité, le PPRD n’est pas insensible à la vague qui secoue les rivages de l’USN. C’est une opportunité, dit-on dans ses rangs, pour reconstituer l’unité du parti, et éventuellement, récupérer les brebis égarées qui avaient fait allégeance à l’USN
Sur la scène politique, des lignes bougent – dans tous les sens d’ailleurs. Si l’USN se bat pour sa survie, en face, le FCC, avec en tête le PPRD, se réorganise pour reconquérir le terrain perdu.
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