A l’Assemblée nationale, le débat autour de la révision de la loi électorale a pris les allures d’un pugilat entre les deux forces politiques en présence, à savoir la majorité incarnée par l’Union sacrée de la nation et l’opposition portée par le FCC (Front commun pour le Congo) de Joseph Kabila. Disposé à offrir leurs bons offices pour rapprocher les différentes tendances politiques, le tandem ECC (Eglise du Christ au Congo) – CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) ne cache plus leurs inquiétudes sur le grand retard qu’accumule le processus électoral. Ils sont d’avis qu’on a déjà franchi « la ligne rouge », le glissement du cycle électoral devenant plus que jamais inéluctable.
Le prochain cycle électoral est entouré d’une grande incertitude. A l’Assemblée nationale, le débat autour de la révision de la loi électorale peine à démarrer. On est encore loin du consensus tant espéré pour des élections apaisées en 2023.
Depuis la chambre basse du Parlement, son président, Christophe Mboso N’kodia Pwanga, tente tant bien que mal de convaincre les indécis, principalement le FCC de Joseph Kabila à reprendre le chemin du dialogue. Des diplomates occidentaux accrédités à Kinshasa ont été mis à profit pour une éventuelle médiation.
Bien écouté dans la classe politique, le tandem ECC-CENCO a également reçu le quitus du bureau de l’Assemblée nationale pour jeter le pont avec le camp des réfractaires du FCC. Pour le moment, rien de concret.
En effet, le FCC continue à camper sur son camp et exige une profonde refonte de l’ensemble du processus électoral, à commencer par la CENI (Commission électorale nationale indépendante) dont la composition, selon lui, n’a pas pris en compte le critère de l’inclusivité. Le FCC est donc dans la logique de faire table rase de tout ce qui a déjà été fait. Bref, un retour à la case départ.
«La ligne rouge»
Les négociations s’étirent en longueur, alors que le temps avance. A grands pas.
A la CENI, sa dernière Feuille de route du processus électoral a déjà volé en éclats, dans la mesure où la plupart des échéances qu’elle s’était fixée n’ont pas été tenues. Un retard de plus qui va terriblement impacter l’ensemble du processus électoral.
C’est pur toutes ces raisons que l’ECC et la CENCO se montrent de plus en plus sceptiques sur le respect du délai constitutionnel de décembre 2023 pour la tenue des élections générales.
«Le processus électoral a déjà franchi la ligne rouge », note le très critique duo ECC-CENCO.
Plus explicite, le révérend Eric Senga de l’ECC indique que « la CENI n’a pas encore publié le calendrier, le gouvernement n’a pas encore présenté un budget et un plan de décaissement clair (…) Nous sommes déjà à presque cinq mois de retard par rapport à la feuille de route » de la CENI.
Il craint déjà le pire. Aussi, appelle-t-il « les acteurs de la majorité comme de l’Opposition à être souples, à s’ouvrir à la discussion ».
Mais, comment discuter lorsque l’agitation gagne l’Assemblée nationale où le président Christophe Mboso consacre toute son énergie pour étouffer la motion de défiance lancée contre lui par Papy Niango, député national de Bandundu-ville.
Autant qu’au Parlement, le décor d’un glissement du cycle est bien planté. Tous en sont conscients, mais personne, de part et d’autre, n’a le courage de l’évoquer à haute voix.
Hugo T.