2022 : pas de bois morts autour de Tshisekedi

Pour le Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, c’est déjà la course contre la montre. En réalité, il ne lui reste plus que deux ans pour récupérer le retard accumulé pendant les deux années d’une coalition difficile avec le FCC (Front commun pour le Congo), suivi d’une année de premiers pas de l’Union sacrée de la nation. Devant les deux chambres du Parlement, le Chef de l’État a reconnu l’urgence de changer de fusil pour convaincre son électorat. C’est dire que les deux prochaines années seront décisives. Le Président de la République n’aura pas d’excuses. Il est astreint à l’obligation des résultats. C’est le quitte ou double. Pour y arriver, le Président de la République devra s’entourer de gens ancrés véritablement dans sa vision. Les bois morts n’auront plus de place dans son entourage. A lui de faire le bon casting pour relever le défi dans les deux ans qui lui restent.

L’année 2022 doit marquer un tournant décisif pour le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Il ne doit pas reprendre les mêmes et poursuivre son mandat. Il doit nettoyer ses écuries parce que, en réalité, le décollage attendu n’a pas eu lieu avec les «warriors» de l’équipe Sama Lukonde. Un avion qui traîne à atteindre sa vitesse de croisière, en étant en perpétuel décollage connaîtra un crash.

Il suffit d’ouvrir les yeux pour se rendre compte qu’il se pose réellement un problème de coordination et de pilotage de l’action gouvernementale, au-delà de tout, il se pose un problème dans la manière de conduire le pays. Qu’est-ce à dire? Le Président de la République est directement exposé parce que ceux qui ont la mission de matérialiser sa vision souffrent d’un criant déficit : ils ne sont pas à la hauteur de la tâche.

Les faits sont palpables, pire, ils s’accumulent des erreurs et fautes de gestion qui exposent directement le Président de la République. Il ne dispose pas de soupape. Du coup, pour de nombreux observateurs, le Président Tshisekedi a opéré un mauvais casting tant dans son cabinet que dans les techno-structures qui soutiennent une action gouvernementale tournée vers le bien-être social de la population.

Certains analystes pensent que le Gouvernement va de coq à l’âne. Des décisions prises ne sont pas appliquées à tel point que souvent, le Congolais a la nette impression d’entendre les mêmes mots dans les orientations que donne le chef de l’Etat à chaque réunion du Conseil des ministres et les évaluations des décisions précédentes relèvent du domaine de l’approximation. Ça ne rassure aucun Congolais. Personne n’est dupe que les actions cosmétiques ne produiront pas des résultats réels, mais du bruit.

Gratuité de l’enseignement, couverture santé universelle, lutte contre la corruption, diplomatie, … tout cela ne peut produire des effets que si la vision est matérialisée de manière coordonnée.

Sur le terrain, le constat est plutôt amer parce que tout se fait pour impressionner et non pour changer radicalement les choses. Le peuple attend mieux.

Ceux qui sont aux affaires pour la parade – ils sont nombreux autour du président Tshisekedi – passent pour des bois morts qui font beaucoup de bruits sans incidence sur la marche du pays. Le casting n’a pas été à la hauteur des urgences. Devant les deux chambres du Parlement, le Président de la République a fait mention de cette inadéquation. Selon lui, le moment est venu d’insuffler une nouvelle dynamique. Il y a cependant une énigme : par où commencer ?

Changer de trajectoire

A ce jour, Félix Tshisekedi a le contrôle de toutes les manettes du pouvoir. Aucun compartiment n’échappe à son contrôle. Il ne faut pas être énarque pour se rendre compte des faiblesses des «warriors» dans de nombreux compartiments de l’appareil étatique. Il n’y a pas que le Gouvernement. Dans le cabinet du Chef de l’État, l’impressionnisme est le plus grand attribut de ces conseillers «bling-bling», friands des discours creux d’une reproduction aveugle des théories mal assimilées.

N’ayant pas une vraie expérience de la gestion d’un État, obnubilés par d’immenses opportunités qui se présentent à eux, les hommes du Président ne sont pas faits pour la tâche. S’ils étaient habités par l’humilité, il est fort à parier qu’ils auraient beaucoup appris pour se relancer en 2022.

Cette année est la seule qui reste au Président de la République pour donner la preuve qu’il est capable d’offrir aux Congolais ce mieux-être tant recherché. Les saupoudrages dans le projet, dit de 100 jours ou « Tshilejelu » n’ont plus le droit d’être. Les shows habituels qui font remonter le caractère superficiel des actes posés en haut lieu doivent être bannis.

Pour ce faire, le Président Tshisekedi doit opérer un casting rigoureux. Ce travail est difficile certes, mais les tâtonnements constatés sont de nature à pousser tout chef lucide à se séparer des bois morts sans état d’âme.

L’UDPS absente ou inaudible

Que valent encore les incantations et vociférations du secrétaire général de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social), Augustin Kabuya, lors des matinées politiques folkloriques et indignes d’un parti au pouvoir ? Pas même la valeur d’un franc congolais.

Le débat politique est très animé pendant cette période de grandes manœuvres. Pendant ce temps, le parti au pouvoir semble avoir du plomb dans les ailes. L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) est tétanisée face à l’immensité de la tâche de diriger un pays-continent aux multiples défis qu’est la République Démocratique du Congo.

La période de grâce passée, le déboulonnage du système Kabila ayant réussi ou presque, avec la mise en place d’un Gouvernement totalement acquis au Chef de l’État, la population veut des résultats. Maintenant, l’UDPS détient tous les leviers du pouvoir entre les mains de ses dirigeants. A ce titre, aucune excuse ne lui sera tolérée.

Certes, à l’UDPS, on est d’avis que le Chef de l’Etat ne sera pas le seul comptable de son bilan en 2023, on devra néanmoins reconnaître qu’il aura toute de même rendez-vous avec le peuple pour la reddition du mandat qui lui a été accordé en 2018.

Qui pis est, en face de lui, le Président de la République a de redoutables adversaires politiques qui s’organisent et ratissent large pur s’attirer la sympathie de l’électorat.

C’est dire que le temps ne joue plus en faveur de Félix Tshisekedi. 2002 est une année charnière – étant entendu que 2023 sera certainement emballée par la fièvre électorale. La nouvelle année qui commence est celle où Félix Tshisekedi doit envoyer des signaux qui rassurent. C’est l’année pendant laquelle il devra se réconcilier avec son peuple et donner un réel contenu à son quinquennat.

En 2022, il n’y a donc pas de honte à reconnaître ses faiblesses. Il n’y a aucune faute de se séparer des copains incapables parce que n’étant pas préparés à la tâche. Le Chef de l’Etat sait maintenant qui est qui et qui vaut quoi.

Le nouveau casting à tous les niveaux doit tenir compte de l’expertise avérée et de l’expérience éprouvée des prétendants. En 2022, le pays a besoin des résultats. Rien que des résultats.

Econews