Le nouveau rapport du groupe d’experts mise sur la résilience des écosystèmes pour affronter les « conséquences de l’inaction » de ces dernières décennies.
Le changement climatique causé par l’activité humaine affecte «des milliards de personnes» et celles qui sont «les moins capables de s’en prémunir sont les plus durement touchées», assurent les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans un nouveau rapport publié lundi 28 février.
«Ce rapport est un sinistre avertissement sur les conséquences de l’inaction», assure Hoesung Lee, président du Giec, alors que les observateurs se désolent que la publication intervienne au moment où tous les yeux sont rivés sur l’invasion russe de l’Ukraine. Le document se concentre aussi sur les moyens d’adaptation dont dispose l’humanité, notamment la préservation de la nature. Il s’inscrit dans la foulée de la publication, en août 2021, de la première partie de ce sixième cycle d’évaluation, axée sur l’étude factuelle du changement climatique.
«Il existe des options pour s’adapter au changement climatique», assurent les auteurs, selon lesquels un sursaut sans précédent pour la préservation et la consolidation de la nature sont la «clé d’un futur viable». «Des écosystèmes en bonne santé sont plus résilients et fournissent des services vitaux tels que de la nourriture et de l’eau saine», explique le coprésident du groupe de travail du Giec à l’origine du rapport, Hans-Otto Pörtner. «En restaurant des écosystèmes dégradés et en préservant efficacement et équitablement 30 à 50 % des espaces sur Terre, la société peut bénéficier de la capacité de la nature à absorber et stocker le carbone», ajoute-t-il, estimant que «les soutiens politiques et financiers sont essentiels» dans cette démarche. Conscients des enjeux sociaux, les scientifiques appellent à la généralisation d’un développement «climat résilient », c’est-à-dire une forme de progrès humain toujours respectueux de la nature.
Attention à la «mal-adaptation»
«Notre rapport montre clairement que, pour relever tous ces défis, tout le monde doit s’impliquer : les gouvernements, le secteur privé, la société civile», martèle Debra Robert, elle aussi coprésidente du groupe de travail.
«Dans cette optique, différents intérêts, valeurs et visions du monde peuvent être réconciliés», espère-t-elle. «out nouveau retard dans la mise en place d’une action globale concertée nous fera rater la brève fenêtre temporelle, qui se referme rapidement, durant laquelle nous pouvons encore sécuriser un avenir viable», ajoute Hans-Otto Pörtner. Élaboré par 270 chercheurs de 67 pays au nom de 195 États membres, le rapport met aussi en garde contre la «mal-adaptation», c’est-à-dire des mesures qui auraient des impacts contre-productifs.
Depuis l’ère préindustrielle, la planète a déjà gagné en moyenne environ 1,1 °C. Le premier volet du rapport, publié en août, estimait que le mercure atteindrait autour de 2030 – soit dix ans plus tôt qu’escompté – le seuil de + 1,5 °C. Le troisième opus doit être publié en avril : il se concentrera sur les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, notamment le CO2, mais aussi le méthane, dont l’effet est 80 fois plus important mais la durée de vie est beaucoup plus courte. Du côté diplomatique, les représentants des gouvernements doivent se réunir en novembre 2022 pour la COP27 en Égypte.
Econews avec Le Point Afrique