Il n’y a pas de fumée sans feu, rappelle un adage populaire. Un malaise profond couve au sein de l’Union sacrée de la nation. Pas de répit pour le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, après son périple européen qui l’a amené, tour à tour, en Allemagne, en Italie et en Turquie. Dès son retour à Kinshasa, le Président de la République a trouvé sur sa table de travail le dossier chaud de son mouvement politique, l’Union sacrée de la nation. Les tensions sont telles que le Président de la République a dû postposer les nouvelles nominations dans les entreprises publiques. Dans l’USN, ses alliés accusent le cabinet du Président de la République de prendre le dessus sur d’autres institutions en faisant tourner un « gouvernement parallèle » qui exerce sa mainmise sur tout. Pour l’instant, Félix Tshisekedi s’attèle à ramener le calme dans les rangs, par peur que l’onde de choc de frustrations n’atteigne le Parlement.
Quiconque affirmera que les eaux au sein de l’Union sacrée de la nation (USN) sont calmes est un naïf ou un menteur. Encore une fois, le partage des postes dans les entreprises publiques est à la base de vives tensions entre partenaires.
Selon les sources recoupées par Econews, le cabinet du Chef de l’État est accusé d’être à la base de ces tensions parce qu’un gouvernement parallèle y aurait été installé et opère en s’attribuant les prérogatives du Gouvernement de la République conduit par le Premier ministre Jean-Michel SamaLukonde.
Bien avant, le directeur de cabinet du Chef de l’État, Guylain Nyembo, avait fustigé cet état de choses dans une lettre de mise en garde à tout le personnel de la Présidence de la République. Il y a eu des conseillers à la Présidence qui se permettaient de signer des ordres de mission, voire des engagements au nom de la République sans titre ni qualité. Sans doute par ignorance.
Malheureusement, les conséquences ternissent gravement la crédibilité des institutions. Cela influe très négativement sur le bon fonctionnement des institutions publiques.
Guylain Nyembo avait lancé la chasse aux électrons libres du cabinet du Président de la République, il est apparemment rattrapé par le même syndrome. Dans les rapports entre les institutions, l’omniprésence du directeur de cabinet du Chef de l’Etat agace.
A la Primature, des langues tardent à se délier, mais des bruits des couloirs rapportent qu’il y a de graves frustrations dans l’entourage du Premier ministre. Le Parlement n’est pas non plus épargné. Dans les deux chambres du Parlement (Assemblée nationale et Sénat), les proches de deux bureaux ne s’en cachent. Le cabinet du Président de la République est devenu trop encombrant, sussure-t-on dans l’Hémicycle.
De son retour de son périple européen, le Président Félix Tshisekedi a été directement saisi de cette situation. Ce qui, soutiennent certaines sources, l’aurait poussé à retarder les nouvelles mises en place au sein du portefeuille de l’Etat.
A deux ans des échéances électorales, le Chef de l’Etat ne veut perdre ce qu’il a acquis dans la douleur, c’est-à-dire l’Union sacrée de la nation.
Des méthodes qui rappellent le tout puissant Mwilanya
Mais, en se comportant comme Néhémie Mwilanya à l’époque de Joseph Kabila, Guylain Nyembo, directeur de cabinet du Chef de l’Etat, commence à gêner dans les rangs de l’USN.
Si ce qui se dit en ville haute est vrai, il est déplorable que dans une démocratie constitutionnelle, on puisse parler d’un gouvernement parallèle. Le seul gouvernement qui devrait exister est celui investi par l’Assemblée nationale. Cet exécutif, qui a la charge de mettre en application la vision du président de la République, de gérer au quotidien les affaires de l’Etat, d’engager l’État auprès des tiers, répond de ses actes de gestion devant l’Assemblée nationale. Ce ne sont donc pas des conseillers du Chef de l’État qui se plieront à ce devoir républicain devant la représentation nationale.
Le nœud du problème actuel, tel que relevé par des sources jointes par Econews, porte sur le partage des postes au sein des entreprises du Portefeuille de l’Etat. Selon ces sources, le directeur de cabinet Nyembo aurait unilatéralement décidé de la répartition. Il aurait en plus réservé aux partenaires des postes moins juteux, se réservant la part du lion.
Une attitude que ne supportent pas les alliés du Chef de l’Etat qui se sentent marginaliser. Certains y voient déjà une main invisible du Président de la République qui couvre les actes de son directeur de cabinet.
« C’est faire preuve de peu de responsabilité que de croire que si, tel était le cas, le Président de la République n’aurait donné aucune orientation », note, sous couvert de l’anonymat, l’un des alliés du Président de la République.
Au cabinet du Chef de l’Etat, on tente de racheter. On soupçonne des attaques politiques qui viseraient plutôt à fragiliser le Chef de l’Etat. «Il est indiqué que ces attaques ciblent directement le Président de la République d’autant plus que les orientations viennent directement de lui », a confié à Econews un haut placé au Palais de la nation. Quoi qu’il en soit, le malaise au sein de l’USN est bien réel. En cause : le cabinet du Chef de l’État qui tient à tout contrôler, laissant des marges étroites à d’autres institutions, principalement le Parlement et le Gouvernement.
Econews