L’état de siège, décrété dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu, n’est pas essoufflé. Loin de là, note le Gouvernement, après la dernière évaluation, sous l’autorité du Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde Kyenge. Faisant le point de cette réunion, Patrick Muyaya Katembwe, ministre de la Communication et Médias, a déclaré que le Gouvernement reste optimiste sur la portée des opérations militaires engagées sur le terrain.
Le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, a présidé, jeudi dernier à la Primature, une réunion d’évaluation des opérations militaires de l’état de siège en Ituri et dans le Nord-Kivu.
Concrètement, toutes les parties prenantes à ces opérations ont passé en revue non seulement l’évolution des opérations de l’état de siège dans les deux provinces concernées, mais aussi les différents besoins liés à sa réussite.
C’est ce qu’a confié à la presse le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, qui a fait le compte-rendu de cette réunion de sécurité.
« Vous savez qu’au mois de juin dernier, le Président de la République s’est installé dans le Nord-Kivu pour suivre de près l’état de siège que nous avons décrété. C’est la première décision majeure de notre Gouvernement. Il y a deux semaines, le Premier Ministre a également séjourné là-bas pour une mission d’inspection, en vue de voir comment cela se passait. Et donc, il était question par rapport aux revendications que nous avons entendues et aux différents besoins liés justement à la réussite des opérations dans le cadre de l’état de siège, de faire le point, de faire l’évaluation», a-t-il indiqué. Et d’ajouter: «C’est ainsi qu’à cette réunion, on a associé les gouverneurs militaires qui sont venus spécialement pour donner les éléments frais de terrain, qui permettent au Gouvernement de mieux circonscrire la nature des besoins pour le moment et de voir, comment continuer. Vous savez que nous sommes guidés par un triptyque : les opérations militaires, la sensibilisation et la démobilisation ».
Pour rappel, cette réunion a connu la participation du Vice-Premier Ministre en charge de l’Intérieur et Sécurité, Daniel Aselo, le ministre d’État au Budget, Aimé Boji, le ministre des Finances, Nicolas Kazadi, le ministre de la Défense nationale, Gilbert Kabanda, le ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya, le vice-ministre de la Justice, Mirindi Amango, le vice-ministre des Mines, Godard Motemona, le chef d’état-major général des Forces armées de la RDC, le général d’armées Célestin Mbala Munsense, le commissaire général de la Police nationale congolaise, Dieudonné Amuli, les gouverneurs militaires du Nord-Kivu et de l’Ituri, respectivement Constant Ndima Kongba et Johnny Luboya Nkashama.
Plus de 1.200 civils tués en 2021 en Ituri et le Nord-Kivu
Malgré l’optimiste du Gouvernement, les civils continuent toujours à payer le lourd tribut de la paix fragile qui règne dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu.
Plus de 1.200 civils ont été tués cette année dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, s’est alarmé vendredi le HCR, soulignant que des millions de personnes ont besoin d’aide humanitaire dans cette partie de l’Est de la RDC. Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) indique avoir enregistré avec ses partenaires « plus de 1.200 morts parmi les civils et 1.100 viols cette année» dans le Nord-Kivu et l’Ituri, a déclaré le porte-parole du HCR Boris Cheshirkov, lors d’un point de presse à Genève.
Les deux provinces sont placées par les autorités congolaises sous état de siège depuis début mai, mesure exceptionnelle visant à mettre fin aux activités des groupes armés, notamment les Forces démocratiques alliées (ADF).
Depuis, les attaques attribuées aux ADF « ont augmenté en brutalité depuis fin 2020 et la fréquence des meurtres de civils n’a pas diminué», déplore le HCR.
Auteurs présumés de plusieurs attaques meurtrières récentes dans la région, les ADF étaient à l’origine des rebelles musulmans ougandais et sont maintenant présentés par l’organisation jihadiste État islamique (EI) comme sa branche en Afrique centrale.
Le HCR indique également avoir «enregistré 25.000 violations des droits humains cette année» et «plus d’un million de Congolais déplacés à l’intérieur de l’Est du pays», a ajouté ce porte-parole.
Cette agence onusienne appelle à des mesures urgentes pour protéger les civils et à davantage de soutien de la communauté internationale. «À moins de quatre mois de la fin de l’année, nous n’avons reçu que 51% des 205 millions de dollars US nécessaires en 2021 pour l’opération en RDC», note le HCR.
La partie orientale de la RDC est en proie à la violence depuis 25 ans en raison de la présence de nombreux groupes armés locaux et étrangers, dont les ADF généralement présentés comme les plus meurtriers.
Depuis janvier, 642 personnes ont été tuées par ce groupe au Nord-Kivu et en Ituri, d’après le dernier décompte du Baromètre sécuritaire du Kivu (KST).
Le gynécologue congolais et prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege, a également estimé vendredi que «malgré l’état de siège », «la situation sécuritaire ne semble pas s’améliorer » et a appelé à la création d’un tribunal international pour la RDC.
Econews