Tshisekedi dame le pion à Kagame : enfin, Washington presse Kigali à s’affranchir de M23

Photo de famille du Sommet des dirigeants États-Unis-Afrique à Washington, États-Unis, sans Paul Kagame

Le Sommet USA-Afrique, qui vient de se tenir à Washington, a donné la preuve de la marginalisation du président rwandais, Paul Kagame, dans la politique africaine des Etats-Unis. Le président Paul Kagame n’a pas été reçu par les officiels américains. Il n’a pas non plus été visible dans la photo de famille avec Joe Biden à la différence du Président de la RDC, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Pour le chercheur américain du GEC, Jason Steans, c’est l’expression de la diminution de l’influence du Rwanda dans la région des Grands lacs et de l’intérêt des USA pour la RDC.
Une nouvelle fois, les États-Unis mettent la pression sur le président rwandais, Paul Kagame, concernant la crise sécuritaire liée à la rébellion. Les États-Unis, pourtant, sont plutôt isolés, sur ce sujet, sur la scène internationale, comme l’explique Jason Stearns, directeur du Groupe d’étude sur le Congo, un centre de recherche rattaché à l’université de New York.
À l’issue du sommet États-Unis/Afrique, Anthony Blinken, secrétaire d’État américain, a demandé, le 15 décembre, à Kigali d’agir pour permettre l’application de l’accord de Luanda et donc le retrait du groupe rebelle M23.
«Depuis quelques mois que les États-Unis élèvent la voix pour demander que le Rwanda cesse son soutien à M23, cette fois-ci, Antony Blinken était un peu plus poli. Cependant, dans d’autres déclarations, des membres du Congrès américain et même aussi l’exécutif américain ont été assez clairs et assez forts dans leur condamnation du soutien rwandais. Donc je pense que c’est une prolongation d’une politique qui existait déjà et dans laquelle les États-Unis sont assez seuls sur le plan diplomatique. Normalement les États-Unis développent leur politique avec des partenaires préférés, surtout au sein du Conseil de sécurité de l’ONU – France et Grande-Bretagne – et c’est justement ces deux pays, la France et la Grande Bretagne, qui bloquent un peu à cause, je pense, à cause de leurs propres intérêts dans la région. Ces deux pays ont donc été très réticents, même si, en privé, les diplomates de ces deux pays reconnaissent que ce soutien existe», souligne-t-il.
Différence de traitement
Lors du sommet États-Unis/Afrique, Paul Kagame n’a pas rencontré Anthony Blinken, contrairement au président congolais, Félix Tshisekedi. Le président rwandais n’a d’ailleurs pas pris part à la photo de fin de sommet autour de Joe Biden. Pourquoi cette différence de traitement ? Jason Stearns, nous apporte quelques éléments de réponse.
«Je pense qu’il s’agit de soulever l’importance que représente le Congo pour les États-Unis. Ce n’est pas seulement à cause de la taille du pays et des valeurs démocratiques, etc… mais c’est aussi à cause de la géopolitique. Le Congo est le plus grand producteur de cobalt dans le monde et le plus grand producteur de cuivre en Afrique. Il y a aussi d’importants gisements de lithium et d’autres minerais en RDC. Je pense que cela fait partie de l’importance de la RDC et c’est pour cela qu’ils se sont rencontrés. Ceci étant, je pense que pour ce gouvernement Biden, au moins, il y a aussi des membres qui insistent vraiment sur les valeurs de la démocratie. L’importance du Rwanda, comme partenaire dans la région, à beaucoup diminué, depuis d’ailleurs quelques années. Ce n’est pas seulement sous Biden. Je pense que ce sont les facteurs qui expliquent cet engagement auprès de Tshisekedi et ce manque d’importance pour la réunion avec Ka-game», analyse encore Jason Stearns, directeur du Groupe d’étude sur le Congo.

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