La loi du plus fort

Si en son temps, Joseph Kabila n’a pas réussi à transformer l’homme congolais, pour sa part, le Président de la République Démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, regrette de n’avoir pas pu amener la Justice à l’aider à la refondation de la République.
Interrogé par son porte-parole, le Chef de l’Etat a eu des mots durs envers une justice congolaise qui est encore loin d’élever une Nation. Bien au contraire, la justice agit plutôt pour ramener le plus possible le pays vers le bas.
En RDC, la Justice est au plus offrant, selon qu’on est financièrement fort et bien placé dans l’échelle du pouvoir. Quand la Constitution dit que tous les Congolais sont égaux devant la loi, ce n’est, ni plus ni moins, qu’un vœu pieux qui ne…
s’applique jamais dans ce Congo, qui se dit démocratique.
On pensait qu’après ses 37 ans de lutte pour la démocratie et le progrès social, le parti au pouvoir, l’UDPS, aiderait à l’émergence d’une Justice juste et équitable. Quatre ans après l’avènement du président Tshisekedi à la magistrature suprème, c’est tout le contraire. Et c’est le Président Tshisekedi qui a eu le courage de faire son mea culpa. Il reconnaît son échec, au regard d’une Justice au rabais qui n’honore pas la République.
«Je pense que s’il y a un bémol sur mon bilan, je crois que c’est celui-là si on me demandait de le faire. Je ne suis vraiment pas satisfait du bilan jusqu’ici. J’ai beaucoup compté sur ce pouvoir parce que je me dis comme dans la Bible, c’est la justice qui élève une nation. Malheureusement, dans notre cas, la justice détruit notre nation. J’ai tout mis en œuvre pour essayer de faire comprendre, surtout au chef des corps mon intention, ma vision et en fait ma vision, c’est de dire voilà, c’est vous qui connaissez votre métier, exercez le consciencieusement (…). Malheureusement, je n’ai pas l’impression que nous sommes toujours sur le même diapason», a dit le Chef de l’Etat.
Il reconnaît avoir fait des efforts pour inverser la tendance : «J’ai demandé des études sérieuses là-dessus. Évidemment, parmi eux, il y a de braves gens. Il y a de braves femmes, et de braves hommes. C’est je n’en disconviens pas, mais j’ai l’impression que tout le monde semble être dépassé par la force du mal qui est cette corruption qui jette un discrédit finalement sur nous tous parce qu’on pense que l’opinion pense que nous y avons tous à voir là-dedans».
Si le Chef de l’Etat, le magistrat suprême, se dit lui-même essoufflé et jette l’éponge, après avoir tout tenté, qui donc nous délivrera de cette Justice à géométrie variable où les jugements sont rendus selon la profondeur de votre portefeuille et de votre rang social ? Qui donc débarrassera la République de ces juges et magistrats verbeux qui se laissent inféoder par des mains invisibles, politiques et financières.
L’aveu d’impuissance du Président de la République a tout dit. En RDC, c’est la loi du plus fort qui est la règle.

Econews