Le premier Sommet africain sur le climat s’est achevé, mercredi 6 septembre, avec l’adoption d’une «Déclaration de Nairobi», destinée à concrétiser le potentiel du continent pour une croissance verte, a annoncé William Ruto, le président du Kenya, hôte de cette réunion. «Cette déclaration servira de base à la position commune de l’Afrique dans le processus mondial sur le changement climatique jusqu’à la COP28 et au-delà», affirment les signataires de ce texte.
Finance verte, crédits carbone, COP28 : à l’issue du Sommet africain sur le climat, les chefs d’État ont adopté une déclaration commune et accéléré l’agenda africain.
«Nous avons démontré avec succès que les solutions africaines ne sont pas seulement appropriées pour les problèmes de l’Afrique, mais qu’elles sont nécessaires au bien-être mondial», s’est félicité le président kényan William Ruto dans son discours de clôture. «Une nouvelle Afrique est là et elle est sérieuse », a-t-il affirmé. Le premier Sommet africain sur le climat s’est achevé, mercredi 6 septembre à Nairobi, par une déclaration commune des chefs d’État africains. Ce premier sommet, déjà qualifié d’historique, visait à mettre en valeur les ressources inexploitées pour les énergies renouvelables afin de permettre aux pays africains de se développer économiquement tout en participant à la lutte contre le réchauffement climatique, dont ils sont une des principales victimes. Si les divergences étaient, au départ, nombreuses, les discussions de ces trois derniers jours ont permis d’obtenir des avancées concrètes pour les prochains mois, durant lesquels plusieurs rendez-vous mondiaux sur le climat sont attendus.
«Une position commune» du continent sur la question climatique
Les dirigeants africains ont – en plus d’avoir rappelé aux riches pays pollueurs d’honorer leur engagement de fournir, d’ici à 2020, 100 milliards de dollars par an en financement climatique aux pays les plus pauvres – invité la communauté internationale à les aider à faire fructifier le potentiel du continent dans la lutte contre le réchauffement climatique, via des investissements et une réforme du système financier international.
«L’Afrique possède à la fois le potentiel et l’ambition d’être un élément essentiel de la solution mondiale au changement climatique», affirment les participants dans leur déclaration finale commune, baptisée «déclaration de Nairobi», un texte de huit pages. Mais, pour libérer son potentiel «à une échelle susceptible de contribuer de manière significative à la décarbonation de l’économie mondiale», il faudra une nette augmentation des financements, affirment-ils. Ils demandent notamment pour cela «une nouvelle architecture de financement adaptée aux besoins de l’Afrique, y compris la restructuration et l’allégement de la dette», dont le fardeau pèse lourdement sur leurs économies.
Cette déclaration de Nairobi, «adoptée à l’unanimité» selon le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, «servira de base à la position commune de l’Afrique dans le processus mondial sur le changement climatique jusqu’à la COP28 et au-delà», affirment les signataires. Il s’agit d’«une affirmation claire de la détermination et du leadership de l’Afrique en matière climatique, qui correspond aux ambitions et aux priorités de la présidence de la COP28», a déclaré le président de la conférence de l’ONU sur le climat (COP28), Sultan Al Jaber, dans un communiqué.
Le sommet de Nairobi a ouvert quatre mois de réunions internationales abordant les questions climatiques, qui se poursuivent ce week-end avec un sommet du G20 en Inde et culmineront avec la COP28 de Dubai fin novembre, où s’annonce une vive bataille sur la fin des énergies fossiles.
L’Afrique veut être source de solutions
Le consensus n’est pas chose aisée sur un continent où vivent 1,4 milliard d’habitants dans 54 pays politiquement et économiquement divers, certains gouvernements militant pour un avenir tourné vers les énergies renouvelables quand d’autres dépendent de leurs ressources de combustibles fossiles.
Avec une population jeune et de vastes ressources naturelles, l’Afrique fait valoir qu’elle est essentielle pour bâtir une alternative aux combustibles fossiles polluants.
Outre un potentiel naturel pour générer directement des énergies propres (solaire, éolien, géothermie…), le continent abrite également 40 % des réserves mondiales de cobalt, de manganèse et de platine, essentiels pour les batteries et les piles à hydrogène.
Dans leur communiqué commun, les participants ont affirmé leur volonté d’augmenter, avec l’aide de la communauté internationale, sa capacité de production d’énergies renouvelables de 56 gigawatts en 2022 à au moins 300 gigawatts d’ici à 2030.
Les défis restent immenses dans un continent où 500 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité. Les pays africains sont notamment paralysés par le fardeau croissant de leur dette. Plusieurs dirigeants du continent mais aussi Antonio Guterres et l’Émirati Sultan al Jaber, ont appelé mardi à une réforme du système financier international – un système « dépassé, injuste et dysfonctionnel », selon le chef de l’ONU – pour l’adapter aux exigences de la lutte contre le réchauffement climatique.
«Nous exigeons des conditions équitables pour que nos pays puissent accéder aux investissements nécessaires pour libérer leur potentiel et le traduire en opportunités », a déclaré William Ruto, qui a porté ce rendez-vous. Un total de 23 milliards de dollars (21,3 milliards d’euros) d’investissements internationaux a également été promis durant les trois jours du sommet, a annoncé le président kényan, dont 4,5 milliards de dollars (4,1 milliards d’euros) venant des Émirats arabes unis pour les énergies propres en Afrique.
Le geste fort des Emirats
Mardi, les Emirats arabes unis, qui accueilleront la prochaine conférence de l’ONU sur le climat (COP28) en fin d’année, ont promis 4,5 milliards de dollars (4,1 milliards d’euros) d’investissement dans les énergies propres en Afrique.
Cette initiative doit permettre de développer 15 gigawatts d’énergie propre d’ici à 2030, a expliqué Sultan Al Jaber, qui dirige la compagnie pétrolière nationale des Emirats arabes unis ADNOC et la société gouvernementale d’énergies renouvelables Masdar. Sultan Al Jaber, qui présidera également les discussions de la COP28, a également demandé une «remise à niveau complète de l’architecture financière mondiale qui a été construite pour une autre époque», afin notamment de «réduire le fardeau de la dette» qui paralyse de nombreux pays.
A près avoir exhorté le monde à faire de l’Afrique «une superpuissance des énergies renouvelables », le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a lui aussi appelé à une réforme de ce système «dépassé, injuste et dysfonctionnel». «Les structures de gouvernance mondiale reflètent le monde tel qu’il était, et non tel qu’il est», a-t-il estimé en conférence de presse.
Pour rappel, ce Sommet historique visait notamment à attirer des financements internationaux pour des projets verts sur le continent africain, qui pourrait ainsi se développer économiquement tout en luttant contre le réchauffement climatique qui le frappe durement.
Avec Le Point Afrique