Des raisons de s’inquiéter

Le gouvernement, par le truchement de son porte-parole Patrick Muyaya, a déclaré prendre acte de la décision de l’Union européenne de retirer sa mission d’observation électorale en République démocratique du Congo. Selon Bruxelles, sa quarantaine d’observateurs et d’experts n’étaient guère en mesure de remplir leur mission, face aux écueils à répétition imputés aux autorités congolaises, dont le refus de l’autorisation de faire usage de téléphones satellitaires.

Ce croc-en-jambe diplomatique ne serait en réalité que la partie émergée d’un iceberg dont la base… cacherait une relation devenue toxique entre l’UE et le gouvernement de Kinshasa qui d’évidence, semble s’ingénier à cacher les tares d’un processus chaotique dont la campagne électorale est enlisée dans un discours de haine attisant une violence qui a déjà fait mort d’homme et de multiples saccages.

Avec un léger recul, il est patent que la mission d’observation électorale de l’UE partait sous de mauvais auspices. Premier accroc : le représentant de la délégation de l’UE en RDC Jean-Marc Châtaigner, arrivé fin mandat en avril dernier  devait être remplacé par Nicolas Berlanga Martinez. Seulement ce dernier n’a pas obtenu à ce jour son accréditation, la diplomatie ayant ses raisons que la raison (même des plus cartésiennes) ignore.

La diversion et la distraction sciemment entretenues fonctionnent si bien que le peuple a même oublié qu’au mois de mai déjà, une délégation de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) avait jeté l’éponge dans sa tentative de mener l’audit du fichier électoral, le délai de cinq jours ayant été jugé irréaliste. Dans les coulisses, c’est connu, certains acteurs politiques proches du pouvoir avaient pou-ssé l’argument selon lequel  puisque la RDC est en froid avec le Rwanda, elle ne pouvait aucunement  céder son fichier électoral à une institution dirigée par une  ressortissante de ce pays,  Mme Louise Mushikiwabo.

La conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), l’épiscopat catholique, avait beau clamer qu’il ne fallait pas qu’on amenât la question de l’intégrité territoriale dans les questions techniques comme les élections, rien n’y fit.

Dès lors, le processus électoral peut se poursuivre avec ses hauts et ses bas, élargissant au jour le jour le fossé entre des communautés naguère unies.

Econews