La crue des eaux du fleuve Congo inonde plusieurs quartiers de la ville de Kinshasa

La crue du fleuve Congo a créé des inondations dans plusieurs quartiers de la ville de Kinshasa, notamment Kingabwa à Limete, Pompage à Ngaliema. Victimes des désastres, es habitants de ces quartiers lancent un du cri de détresse auprès des autorités pour une intervention humanitaire. Reportage. 

Kinshasa sous les eaux  – pas toute la ville,  mais plutôt les quartiers riverains du fleuve Congo qui, dans sa furie, a créé de graves inondations.

En effet, le fleuve Congo est sorti de son lit au point d’inonder le quartier Kingabwa situé dans la commune de Limete. Dans la commune de Ngaliema, les quartiers Pompage et Kinsuka pêcheur n’ont pas non plus été épargnés

A Kingabwa, précisément à la Cité du fleuve et dans les quartiers environnants, la crue des eaux du fleuve a provoqué d’importants dégâts matériels. Une situation qui a contraint les habitants à se débrouiller pour chercher un abri.

Alfred Nzimbi, un des habitats du quartier sinistre raconte : «Aujourd’hui, la situation des habitants de cette cité et ceux des quartiers environnants empire. Habitant ce quartier depuis plus de quatre ans, c’est la première fois que nous vivons une telle situation. Comme les inondations sont monnaie courante, les responsables de la cité avaient promis d’y trouver une solution », a-t-il relaté la mort dans l’âme.

Selon lui, cette coquette cité perd progressivement sa beauté à cause des inondations. A sa création, le loyer d’un appartement revenait entre 2.500 et 3.000 dollars américains. A ce jour, il a été revu à la baisse, beaucoup de locataire ayant déménagé suite aux inondations avec leur cohorte de problèmes.

Un habitant de la Cité ne cache pas son désarroi : «La quiétude dans cette cité est perturbée par ces inondations alors que la saison de pluie poursuit son bonhomme de chemin », soulignant, par ailleurs, que les habitants et ceux des quartiers environnants continuellement inondés ne sont pas au bout de leur peine.

Dans la partie Ouest de la ville de Kinshasa, précisément au quartier Pompage, dans la commune de Ngaliema, la majorité de la population a les pieds dans l’eau. La récente pluie qui s’est abattue dans la capitale a provoqué la crue des eaux au fleuve.

Les conducteurs de véhicules ont du mal à se frayer la route pour traverser ce pont qui était sous eaux. Les habitants des environnants n’en croyaient pas leurs yeux à la vue de ce spectacle.

«Le quartier Binza est la source de provenance de ces eaux qui traversent Ozone, cette localité de la commune de Ngaliema. Lorsque le fleuve Congo quitte son lit, cela provoque des inondations. C’est pareil pour les eaux de l’océan qui lorsqu’elles refoulent celle du fleuve, celle-ci refoulent à leur tour celles des rivières », a expliqué un habitant du quartier Pompage.

«Le gouvernement devrait prendre des mesures, mais constatons que rien n’est fait dans ce sens. C’est vraiment dommage », a fait remarquer un père de famille qui habite ce quartier depuis une trentaine d’années. Et d’ajouter : «Nous gardons espoir qu’une solution sera trouvée à cette situation. Sinon, nous courons le risque de connaitre le pire lors de la tombée d’autres pluie torrentielles »

Seulement voilà, quelques jeunes de ce quartier se sont improvisés passeurs pour se procurer de l’argent, en transportant à califourchon les gens d’un coin à un autre moyennant 500 francs congolais, voire plus. Ceux qui utilisent la moto se font mouiller jusqu’aux genoux.

Ces jeunes justifient cette somme par le fait que les eaux sont sales et qu’ils sont exposés à des maladies d’origine hydrique.

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L’alerte de la RVF

Dans un communiqué daté du 27 décembre 2023, la Régie des voies fluviales (RVF) a alerté les autorités publiques et la population à «prendre les dispositions qui s’imposent afin de se prémunir de ces inondations qui touchent la quasi-totalité de la plaine inondable de Kinshasa menaçant les activités économiques, les populations riveraines et exposant la population aux pertes en vie humaines et biens ainsi qu’aux maladies d’origine hydriques ».

Réaménager la ville de Kinshasa

Au-delà du changement climatique, présenté souvent comme principale cause des phénomènes naturels qui s’abattent autant à Kinshasa qu’ailleurs, la capitale congolaise souffre d’un sérieux problème : le défaut d’urbanisation.

En réalité, la ville de Kinshasa doit être redessinée et réaménagé pour désengorger ses parties Sud-ouest. En effet, plus de 90% de la population kinoise se concentre sur à peine 10% de la partie de la ville, alors que le reste, notamment les parties Nord et Est, est pratiquement inoccupé.

Depuis toujours, les autorités urbaines parlent d’un plan de réaménagement de ville de Kinshasa qui tarde cependant à se concrétiser.

Kinshasa compte plus de 12 millions d’habitants dont une bonne partie occupe les quartiers longeant le Fleuve Congo. Depuis pratiquement deux semaines, le fleuve refoule les eaux de tous ses affluents de la capitale au point que chaque jour des gens abandonnent leur maison au fur et à mesure de la montée des eaux du fleuve.

Plusieurs autres causes concourent aux inondations dans la capitale, notamment le dysfonctionnement, l’insuffisance ou l’absence des réseaux de drainage; l’occupation incontrôlée et parfois illicite des plaines d’inondation des rivières urbaines comme cela se remarque dans la vallée de la rivière N’Djili; l’occupation anarchique des zones collinaires qui entraîne les conséquences, entre autres, conséquences l’augmentation des sédiments dans le rivières par suite des érosions importantes en amont,  le déboisement des pentes très fortes entraînant la diminution de l’absorption d’eau par le sol, l’augmentation du ruissellement et les érosions; l’abondance des déchets solides produits à Kinshasa (environ 5000 m3 par jour) qui ne sont pas enlevés et dont la majeure partie aboutie dans les cours d’eau.

Benny Lutaladio