Tabu Ley, la merveilleuse histoire de sa naissance

Où et dans quelles circonstances est né Tabu Ley, l’auteur-compositeur le plus prolifique de la musique congolaise, le chanteur de charme le plus adulé des musiciens congolais de la 3ème et de la 4ème génération, le premier à introduire le show dans la musique congolaise et le premier musicien congolais et africain à jouer dans la salle mythique de l’Olympia de Paris, en France, et dans la plus grande salle de spectacles du monde, Carnegie Hall de New York , aux Etats-Unis d’Amérique? Voici racontées, pour la première fois, les péripéties de la merveilleuse histoire de la naissance de ce monstre de la musique congolaise, africaine et mondiale.

Pascal Tabu Ley, alias Rochereau, alias Sei

gneur Ley, alias Monument vivant, etc, est, incontestablement, l’un des plus grands, des plus prestigieux et des plus illustres des artistes-musiciens congolais et africains. La grossesse qui porte cette future célébrité est conçue à Léopoldville, la capitale du Congo-Belge, l’actuelle ville de Kinshasa, la capitale de la République Démocratique du Congo et de la musique congolaise et africaine. Mais, cette future icône de la musique est née à Bagata, alors une bourgade du district du Kwilu, situé dans la province de Léopoldville. Qu’est-ce à dire ?

SIX ANS D’ANXIETE

Les parents de Tabu Ley, papa Tambu et mama Collette, se marient, au cours des années mille neuf cent trente, dans leur village de Mampo. Ce village se trouve dans le secteur de Kwilu-Ntober, territoire de Bagata, dans l’actuelle province du Kwilu. Quelque temps après, papa Tambu immigre à Léopoldville. Il y trouve du travail salarié dans une entreprise. Ainsi, il s’y installe et y fait venir son épouse. Ils passent un, deux, trois, quatre, cinq ans ensemble sans avoir fait d’enfant. Là, ils entament une sixième année d’anxiété. En effet, Mama Collette connaît et subit plusieurs fausses couches durant cette longue période. Le couple s’en inquiète. Mais, il ne comprend rien à cette situation qui les tourmente jours et nuits.

En 1940, Mama Collette est à nouveau enceinte. Son mari, Papa Tambu, est simultanément content et très anxieux. Car, il ne sait pas ce qui va encore leur arriver. Il fait part de cette situation anxieuse à son beau-frère, le frère-aîné de son épouse, qui vit et travaille, lui, à Bagata, dans le Kwilu. Celui-ci, soucieux d’avoir des neveux et des nièces pour la croissance de son clan, supplie son beau-frère de lui envoyer sa sœur à Bagata. Il tient, en effet, à suivre lui-même, de très près et d’une manière régulière et méticuleuse, l’évolution de cette énième grossesse de sa sœur jusqu’à son terme.

IL NAÏT SANS INCIDENT

Papa Tambu donne son accord et permet à sa femme, Mama Collette, de rejoindre son frère à Bagata. Alors enceinte de trois mois, elle quitte Léopoldville, par bateau, pour Bagata. Où son frère et son épouse la reçoivent à bras ouverts et prennent attentivement soin d’elle. Quelques six mois plus tard, et plus précisément le 14 novembre 1940, elle accouche, incroyable, mais vrai, sans aucun incident, d’un garçon. Son bébé et elle-même se portent merveilleusement bien. Les deux clans du bébé, paternel et maternel, et les amis de la famille jubilent. «Mama Collette abotaka te, aboti », crie et chante, très joyeuse, sa belle-sœur.

Le petit garçon reçoit, à sa naissance, le nom ou le surnom très significatif d’ISIN-A-MOE en kiyanzi, la langue maternelle de ses parents. Ce nom ou ce sobriquet veut dire «origine ou source de la vie.» Car, il a fallu que sa mère, Mama Collette, rentre d’abord auprès de ses ancêtres se ressourcer avant d’avoir ce premier enfant tant attendu. Les prêtres catholiques, qui vivent l’évènement, donnent à l’enfant le nom de Tambu, celui de son père biologique, qui sera déformé à l’école et deviendra Tabu. Ils le baptisent et le prénomment Pascal Emmanuel.

Bénis par Dieu et les ancêtres, Mama Collette et son fils reprennent, trois mois après sa naissance, et ce par bateau encore, le chemin de Léopoldville. En vue d’y rejoindre respectivement leur mari et leur père, Papa Tambu. Arrivés au port de l’Otraco à Léopoldville, ils sortent du bateau. Papa Tambu, qui les attendait impatiemment, les voyant, se précipite vers eux, embrasse son épouse et lui arrache le bébé qu’il dévisage pendant près de dix minutes. Les yeux rivés vers le ciel, il prie en ces termes : « Seigneur Dieu, tu fais de moi aujourd’hui, après six ans d’anxiété, père pour la première fois de ma vie. Je t’en suis très reconnaissant et je t’en remercie infiniment. Je te prie, enfin, de bénir abondamment cet enfant et de faire de lui un homme important dans sa vie sur cette terre des hommes.»

Il ne remet pas l’enfant à sa mère. Il ne le lâche pas depuis leur arrivée. Il le colle à sa poitrine. Il le redresse de temps en temps, en murmurant le nom de Dieu et celui de ses différents aïeux. Et ce, du port de l’Otraco à la maison, dans la commune africaine de Kinshasa. Arrivés ici, il sort les habits qu’il avait déjà achetés pour son fils. Il l’habille lui-même. Il crie, à tue-tête, de joie : « Batata, bamama,  mpe bana nyonso ya lopango, botala mwana na bino mpe ndeko na bino. Nazelaki ye mingi. Lelo Nzambe afuti ngai. Nakomi tata ya solo. Nakomi na mwana. Merci na bino nyonso mpo na losambo na bino na ntina na biso.» Il organise, à cette occasion, une petite réception en l’honneur de son fils et de son épouse. Il associe les propriétaires de la parcelle et ses co-locataires à celle-ci. Ils boivent, mangent, chantent, dansent, etc. Malheureusement pour Papa Tambu et Mama Collette, ils n’auront plus jamais d’enfants après Isin-a-Moe Tambu Pascal Emmanuel. Celui-ci est le premier et le dernier enfant qu’ils ont eu dans leur vie.

ENFANT UNIQUE

L’illustre Pascal Tabu Ley, alias Rochereau, alias Seigneur Ley, alias Monument vivant, etc, est donc l’enfant unique de ses parents. D’où, en grandissant seul auprès de ses parents, sans grand-frère ou petit-frère biologique et sans grande-sœur ou petite-sœur biologique, Isin-a-Moe envisage de fonder, lui-même, quand il sera adulte et sera marié, une très grande famille. En faisant, lui-même, beaucoup d’enfants. Afin de bien s’entourer de ses enfants, de ses petits-enfants et, si Dieu le veut, de ses arrière-petits-enfants.

Effectivement, selon ce qu’il m’a lui-même confié en 2001, dans sa résidence de Limete, Tabu Ley a sorti de ses propres entrailles 23 enfants, garçons et filles. Soit 10 avec Mama Théthé, la femme de sa jeunesse, sa très chère première épouse et sa principale muse; 6 avec Mama Mundi, sa seconde épouse; 1 avec une Sénégalaise; 1 avec une Congolaise de Brazzaville, 1 avec une Rwandaise; 1 avec une Kényane; 1 avec Mbilia Bel, la voix angélique, la reine Cléopâtre et la danseuse de tonnerre qui l’accompagne sur toutes les scènes pendant 8 ans et, enfin, 2 avec sa dernière femme, la belle Muyanzi qu’il a épousée après le décès de Mama Théthé.

VIE GRANDIOSE

Voilà racontées, pour la première fois, les péripéties de la merveilleuse histoire de la naissance de Tabu Ley, de sa solitude en tant qu’enfant unique de ses parents et de son immense joie dans la très grande famille qu’il a lui-même fondée en faisant 23 enfants. Voilà, enfin, dévoilée l’origine de l’immense, éclatante et fructueuse carrière musicale qu’il a menée et connue sur cette terre des hommes. Dieu, ses ancêtres et ses parents, l’ayant abondamment béni à sa naissance, l’avaient déjà destiné à un avenir sublime. Il a vécu cette réalité incontestée et incontestable de 1959 jusqu’à sa mort en 2013. Soit pendant 54 ans… !!!

MUSENE SANTINI BE-LASAYON