Changement climatique : l’Afrique doit repenser ses cultures

Alors que s’ouvre la Conférence de l’ONU sur les changements climatiques (COP26) à Glasgow, la plus grande conférence sur le climat depuis les accords de Paris, le Fonds international de développement agricole (FIDA) plaide pour augmenter significativement les investissements destinés à financer l’adaptation au changement climatique dans les pays en développement.

L’organisation tire la sonnette d’alarme, notamment sur la situation des petits exploitants agricoles. Bien qu’ils produisent le tiers de la nourriture consommée mondialement, ils restent très mal desservis par le financement climatique, ne recevant que 1,7 % des flux mondiaux de financement, et ils ont rarement voix au chapitre dans les forums internationaux.

Le FIDA invite à la COP26 à accélérer les investissements dans l’adaptation aux changements climatiques, alors que le climat pousse les fermiers à changer de cultures.

Le déficit de financement en faveur de l’adaptation a des répercussions dans le monde entier. «La baisse des rendements agricoles devrait entraîner une hausse des prix des aliments, une diminution des disponibilités alimentaires et une aggravation de la faim et de la pauvreté, dit le rapport. Cela pourrait accentuer les migrations, les conflits et l’instabilité».

En 2020, la faim touchait une personne sur dix à l’échelle mondiale et, en Afrique, une personne sur cinq.

D’où l’appel du FIDA pour qu’ils investissent et repensent leurs cultures en délaissant notamment le maïs gourmand en eau, soulignent les experts dans un zoom consacré à huit pays africains et publié fin octobre.

Les cultures de base en Afrique menacées par la hausse des températures

Plusieurs « cultures de base dans huit pays africains pourraient diminuer jusqu’à 80 % d’ici à 2050 dans certaines régions si les températures continuent à augmenter en raison du changement climatique», met en garde dans un communiqué cette institution spécialisée des Nations unies.

«Cela pourrait avoir des conséquences désastreuses en matière de pauvreté et de sécurité alimentaire, à moins de débloquer en urgence des fonds pour aider les fermiers vulnérables à adapter leurs cultures et leurs méthodes », ajoute le FIDA.

Le FIDA a financé la réalisation par l’université du Cap (Afrique du Sud) de huit analyses du risque climatique dans autant de pays africains (Angola, Lesotho, Malawi, Mozambique, Ouganda, Rwanda, Zambie, Zimbabwe). Ces huit États sont «très différents : sans accès à la mer, côtiers, montagneux ou semi-arides», mais les perspectives sont «sombres» pour tous, est-il souligné.

Entre 2040 et 2069, les températures sont attendues en hausse de 2 °C, voire plus, jusqu’à 2,6 °C dans certains endroits. Dans le même temps, les précipitations vont devenir plus rares et erratiques, «avec des inondations menaçant les cultures et la stabilité des sols».

Dans ce contexte, «l’adaptation est vitale».

Des cultures s’en sortiront mieux, comme le manioc, l’arachide, les haricots, le sorgho, le millet, précise le rapport. «Planter des cultures alternatives n’est toutefois pas une solution rapide», d’autant que les foyers pratiquant une agriculture vivrière ont souvent des «préférences fortes» quant aux plantes qu’ils cultivent et qui entrent directement dans leur alimentation.

Quant au maïs, mieux vaut privilégier les variétés à maturation précoce pour limiter les risques de perte de récolte.

La COP26, dernière chance ?

Tous ces changements impliquent d’importants investissements en techniques, semences et formations, est-il relevé. Le rapport rappelle qu’avoir des outils pour transformer les récoltes, par exemple en farine ou chips de manioc, présente l’avantage d’éviter que les cultures ne se gâtent, tout en augmentant potentiellement les revenus des fermiers.

Econews avec Le Point Afrique