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«Couloir vert Kivu-Kinshasa» : le projet climatique d’un milliard USD de Félix Tshisekedi pour séduire le monde

À Davos, le président Félix Tshisekedi a présenté le projet «Couloir vert Kivu-Kinshasa», une initiative ambitieuse visant à créer la plus grande réserve forestière tropicale protégée au monde. Portant l’espoir de positionner la RDC comme «pays-solution» face au réchauffement climatique, ce projet d’un milliard USD appelle à une mobilisation internationale pour préserver le bassin du Congo, souvent considéré comme «le dernier poumon de la terre».

Lors de l’édition 2025 du Forum économique mondial à Davos, en Suisse, le président de la République Démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a dévoilé un projet ambitieux visant à positionner son pays comme un acteur clé dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Baptisé « Couloir vert Kivu-Kinshasa», ce projet monumental, dont le coût est estimé à un milliard de dollars américains, ambitionne de créer la plus grande réserve forestière tropicale protégée au monde.

Le projet «Couloir vert Kivu-Kinshasa », également appelé « Réserve du fleuve Congo», s’inscrit dans la vision du président Tshisekedi de faire de la RDC le «pays-solution» face aux défis climatiques mondiaux.

Lors du panel intitulé « Le dernier poumon de la terre», Félix Tshisekedi a mis en lumière le rôle crucial des forêts tropicales congolaises dans la régulation du climat mondial, soulignant leur capacité à capturer d’immenses quantités de carbone et à préserver la biodiversité.

La RDC abrite la forêt du bassin du Congo, la deuxième plus grande forêt tropicale au monde après l’Amazonie. Cette forêt constitue un véritable poumon vert pour la planète, absorbant environ 1,2 milliard de tonnes de dioxyde de carbone chaque année. Avec le « Couloir vert Kivu-Kinshasa », Kinshasa vise à renforcer la préservation de cet écosystème vital, tout en encourageant une gestion durable des ressources naturelles.

UNE INVITATION A L’ACTION MONDIALE

Dans son allocution, le président Tshisekedi a lancé un appel à la communauté internationale pour soutenir ce projet inédit. « Il est temps que le monde comprenne l’importance stratégique des forêts congolaises dans la lutte contre le changement climatique. Nous ne pouvons pas y parvenir seuls», a-t-il affirmé, rappelant bien avant que «la deìforestation du Bassin du Congo met en danger l’humanitéì tout entière. Sa preìservation garantira que les objectifs de l’Accord de Paris restent en contact, tout en jetant les bases d’un nouvel avenir pour le peuple congolais caractérisé par l’uniteì, la stabiliteì et la prospeìriteì».

Ce plaidoyer s’inscrit dans une volonté d’attirer des financements internationaux, qu’ils proviennent d’États, d’organisations internationales ou d’acteurs du secteur privé.

La somme d’un milliard de dollars US, nécessaire à la concrétisation du projet, permettra notamment de renforcer les mécanismes de protection des forêts, d’améliorer la gouvernance environnementale et de promouvoir des alternatives économiques pour les populations locales dépendantes des ressources forestières.

LARGE ADHESION MONDIALE

Le fondateur du Forum économique mondial, le professeur Klaus Schwab, a admiré «l’engagement du Président Tshisekedi à soutenir le lien entre la paix, le développement durable et la conservation de la nature».

Pour sa part, John Kerry, alors  Secrétaire d’État américain,  a «salué cette initiative essentielle visant à préserver et protéger le Bassin du Congo et à donner à des millions de Congolais les moyens de contribuer à prévenir les pires impacts de la crise climatique».

Parmi les participants figuraient également le Commissaire européen aux Partenariats internationaux, Jozef Sikela, ainsi que sa Majesteì Philippe, le Roi des Belges.

En marge du Forum économique mondial de Davos, le Commissaire européen a promis une contribution de 42 millions d’euros à ce projet de « Couloir vert Kivu – Kinshasa). «Au sein de l’équipe Europe, nous mobilisons des investissements et des projets le long du corridor vert, d’une valeur pouvant atteindre 1 milliard d’euros. Aujourd’hui, j’ai annoncé une subvention supplémentaire de 42 millions d’euros pour stimuler les chaînes de valeur de l’agriculture durable, l’utilisation des énergies renouvelables et la protection de la biodiversité », a déclaré le commissaire européen aux partenariats internationaux, Jozef Síkela.

Selon le commissaire Sikela, le « Couloir vert Kivu – Kinshasa) est plus qu’une simple infrastructure de transport, « c’est une bouée de sauvetage pour la transformation économique verte en République démocratique du Congo. C’est l’objectif du Global Gateway : en reliant les communautés des pays partenaires, en donnant plus de pouvoir aux producteurs locaux, en favorisant la protection de l’environnement et en améliorant la sécurité, cette initiative jette les bases d’un avenir plus vert et plus prospère. Elle représente également une étape vers la mobilisation du secteur privé européen et local et la mise en place des infrastructures et de la gouvernance nécessaires pour libérer tout le potentiel du corridor au bénéfice de tous ».

UN DEFI A RELEVER POUR  LA RDC

Malgré son potentiel, ce projet ne sera pas sans défis. La déforestation, principalement causée par l’agriculture itinérante, l’exploitation illégale du bois et les activités minières, constitue une menace majeure pour les forêts congolaises. Par ailleurs, des questions se posent sur la capacité de la RDC à assurer une gestion transparente des fonds alloués à ce projet ambitieux.

Cependant, Félix Tshisekedi se veut optimiste et déterminé à faire de ce projet un modèle de collaboration internationale en matière de lutte contre le réchauffement climatique. « La RDC est prête à jouer son rôle. Nous invitons le monde à se joindre à nous pour protéger le patrimoine écologique de notre planète », a-t-il conclu à Davos.

Le projet « Couloir vert Kivu-Kinshasa » pourrait devenir un symbole fort de la coopération internationale face à l’urgence climatique. Reste à savoir si les engagements financiers et politiques suivront pour transformer cette vision en réalité. Pour l’instant, l’appel de Kinshasa a suscité l’intérêt des participants au Forum économique mondial, qui voient dans cette initiative une opportunité de conjuguer des efforts pour préserver l’un des derniers bastions naturels de la planète.

Long de 550.000 km2, dont 285.000 km2 de forêt primaire et 60.000 km2 des tourbières intactes, ce projet vise à sauvegarder l’avenir du Bassin du Congo, le plus grand puits de carbone des forets tropicales du monde.

Ce Couloir va également contribuer à stimuler la croissance économique afin de réduire la violence et d’unir l’Est et l’Ouest de la République Démocratique du Congo (RDC). Il permettra de transférer, chaque année, un million de tonnes de nourriture des Kivu vers Kinshasa. Un Fonds sera créé pour développer, le long du Bassin du Congo, des entreprises axées sur les énergies renouvelables, l’agriculture et la logistique. Pour ce faire, un investissement d’un milliard de dollars américains est nécessaire au cours des 3 à 4 prochaines années.

Pour rappel, le Bassin du Congo s’étend sur six pays : le Cameroun, la République centrafricaine, la RDC, le Congo Brazzaville, la Guinée équatoriale et le Gabon. Il conserve de vastes zones de forêt intactes, dont environ 60 % se trouvent en RDC. Il abrite 10.000 espèces uniques, dont un tiers ne se trouve nulle part ailleurs sur la planète, et assure la subsistance de 60 millions de personnes, qui dépendent des ressources forestières pour leur alimentation, leur chauffage, leur énergie et leur emploi.

Francis N.

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