Dépassements budgétaires : Bahati tire sur la Présidence de la République

En République Démocratique du Congo, les dépassements budgétaires sont devenus la norme. Et quand on pose la question au flic financier en chef, Jules Alingete, il relativise et estime que le dépassement budgétaire ne peut nullement être assimilé à une faute de gestion. Ce n’est pas cependant le cas au Parlement où le sujet agace. Au Sénat, son président, Modeste Bahati Lukwebo, s’est rappelé de ses cours des finances publiques. Le speaker de la chambre haute du Parlement a tape du poing sur la table. Il est temps, pense-t-il, de ramener de l’ordre dans les rangs, en freinant l’hémorragie dans les finances de l’Etat. Il se propose dès lors d’aller en guerre contre les dépassements budgétaires. Championne en cette pratique, c’est la Présidence de la République qui est dans le viseur du Sénat, suivie de la Primature. Saisir la Justice pour combattre cette pratique, Bahati n’exclut pas cette hypothèse. Pourvu qu’il aille jusqu’au bout de sa logique. Car, en matière de dépassements, Bahati marche sur un terrain miné.

Le sémillant président du Sénat est un gentil félin. Il n’attaque jamais de front. Mais Modeste Bahati sait faire mal en souriant. La victime se rendra compte de l’étreinte mortelle lorsque c’est déjà tard. Joseph Kabila l’avait compris bien à temps et l’avait marginalisé. A tort ou à raison?

Dans une adresse à la plénière du Sénat, le président Bahati est monté sur ses grands chevaux. Il a fustigé les dépassements budgétaires: «Nous n’avons qu’un seul pays. Si nous n’assumons pas nos responsabilités correctement, le pays va continuer à sombrer.  Si nous ne mettons pas du sérieux dans le travail que nous faisons, nous sommes en train d’hypothéquer l’avenir de ce pays, l’avenir de nos enfants. On ne peut pas comprendre que chaque année, que l’on puisse formuler les mêmes observations, les mêmes recommandations; mais aussi chaque année, que nous soyons toujours devant la même situation, et on regrette la même chose », a martelé Modeste Bahati, exprimant son mécontentement sur cette situation.

Louable déclaration d’un président du Sénat qui tient à la bonne gouvernance. Il s’est aussi préoccupé de la réalisation des projets en des termes sans équivoque.

«Comment peut-on comprendre que là où on avait prévu les dépenses à capital pour réaliser 708 projets, on en a réalisé que 41 ? Plus grave encore, on avait prévu pour les 708 projets, 160 milliards de francs congolais, mais on est allé à 200 milliards pour ne réaliser que 41 projets. Est-ce qu’on peut nous prendre au sérieux », se plaint le speaker de la chambre haute.

Bahati menace de saisir la Justice

Il n’y a que des naïfs qui ont avalé cette couleuvre d’un président du Sénat éploré et particulièrement préoccupé par le sort des finances publiques et donc du peuple. Bahati s’est décidé d’exposer la présidence de la République en embauchant le discours du dépassement des crédits budgétaires.

Bahati a amplifié les accusations d’ONG qui ont toujours épinglé la présidence congolaise comme championne des dépassements budgétaires. Malin, le tacle de Bahati sort le Sénat de la short liste des institutions qui sont reconnues comme ne respectant pas la loi de finances du pays.

Dans son élan, Modeste Bahati menace de saisir la justice pour ces cas de dépassements budgétaires.

«Il faut que les gestionnaires le sachent. Cette fois-ci, nous serons obligés de saisir la justice. Nous devons savoir en ce qui concerne le budget 2022, qu’il s’agit d’une loi qui doit être respectée par tout le monde », a insisté le président de la chambre haute, lors de la plénière de mercredi 15 décembre.

Il a, par ailleurs, rappelé à tous les gestionnaires de prendre au sérieux leurs responsabilités, pour ne pas hypothéquer l’avenir du pays.                        «On ne peut pas comprendre que chaque année, qu’on puisse revenir sur les mêmes observations, les mêmes recommandations et qu’on soit chaque année en train de regretter la même chose », a indiqué le président du Sénat.

La séance du 15 décembre 2021 devrait clôturer la session ordinaire de septembre et renvoyer les parlementaires en vacances. Mais les députés et sénateurs vont poursuivre le travail en session extraordinaire. Les deux chambres du Parlement n’ont pas pu adopter toutes les lois urgentes, notamment le budget 2022, et la loi d’habilitation du gouvernement afin de proroger par ordonnance-loi l’état de siège.

Econews