Pas de comparution de Joseph Kabila dans le procès Chebeya : la sagesse de la Haute Cour militaire a triomphé

Joseph Kabila Kabange, ancien président de la République, devant la Haute Cour militaire ! La scène paraît surréaliste. Pourtant, c’est ce que la partie civile a sollicité de la Haute Cour militaire dans le procès Chebeya, se fondant sur les témoignages du policier Mwilambwe, l’un des prévenus, membres du commando qui a exécuté en 2010 cet activiste des droits de l’homme, alors secrétaire exécutif de la Voix des Sans Voix (VSV).

A son verdict du mercredi 19 janvier 2022, la Haute Cour militaire a choisi la voie du pragmatisme que du droit. Au finish, Joseph Kabila ne comparaîtra sous aucun protexte devant la Justice militaire.

La Haute Cour militaire a donc refusé d’entendre Joseph Kabila. A cet effet, son président, manipulant subtilement le droit, n’a pas fait dans la dentelle : « En vertu de mon pouvoir discrétionnaire, le président que je suis estime qu’il ne peut faire droit à cette demande ».

A cet effet, le président de la chambre a demandé aux parties de « se conformer aux dispositions de l’article 74 du code de procédure pénale ».

Ce qui n’est pas de l’avis de la partie civile qui minimise la décision du président de la Haute Cour, estimant que « ce n’est pas un arrêt », supposé inattaquable.

« La Cour n’a pas encore rejeté notre demande », a dit Me Richard Bondo de la partie civile, cité par la radio Top Congo. Et d’ajouter : « Le président a donné sa position discrétionnaire, c’est un avis personnel ».

En réalité, la Haute Cour militaire a fait preuve d’une sagesse qui a épargné le pays d’une crise indescriptible. Imaginez Joseph Kabila devant la Justice militaire ! Qu’en sera-t-il de l’équilibre des institutions, alors que la République Démocratique du Congo traverse une politique aigue qui couve au sein de la majorité parlementaire.

La sagesse voudrait qu’on ne jette pas l’huile à un feu qui est sur le point de s’éteindre. En tout cas, c’est l’option levée par la Haute Cour militaire qui a refusé de porter la responsabilité d’une crise qui allait embraser tout le pays.

Bien plus, les témoignages, truffés de contrevérités, selon les experts, du policier Mwilambwe, ne pouvaient être prises en compte comme pièce à conviction pour interpeller l’ancien président de la République.

A tout prendre, la République Démocratique du Congo a frôlé une catastrophe. Par sa sagesse, le président de la Haute Cour militaire a épargné le pays d’une crise politique aux conséquences imprévisibles. Et personne n’allait en sortir gagnant.

A la Haute Cour militaire, le pragmatisme l’a emporté sur le droit.

Econews