L’actionnaire majoritaire d’Afriland First Bank CD défie la BCC : démissionnaire, le président du Conseil d’administration accuse!

Dans le bras de fer ouvert entre la Banque centrale du Congo (BCC) et Afriland First Bank DRC, des masques commencent à tomber. En réalité, la filiale congolaise a été minée de l’intérieur pour la fragiliser jusqu’à la trainer dans la boue. Ces révélations sont contenues dans la lettre que le le président du Conseil d’administration d’Afriland First Bank CD, Jacques Nkenda Bandekila, a adressé, le 31 janvier 2022, aux actionnaires et administrateurs de cette banque, en réservant copie à Mme la gouverneure de la Banque Centrale du Congo, Malangu Kabedi-Mbuyi, et à la Direction des intermédiaires financiers, sous l’intitulé : «Notification de ma démission avec effet immédiat ».

Par cette lettre, le PCA d’Afriland DRC dénonce « les méthodes et pratiques de travail peu orthodoxes » par lesquelles ont été tenues la réunion du Conseil d’administration du 21 janvier 2022.

L’on sait que, depuis un temps, les deux parties, en l’occurrence la BCC et Afriland First Bank CD présentent de graves divergences d’approches. En effet, lorsque l’Institut d’émission impose le respect des règles de supervision, estimant que l’actionnaire majoritaire d’Afriland First Bank les violent « systématiquement », selon des indiscrétions glanées dans les couloirs de la Banque Centrale, les faits dénoncés par le PCA Jacques Nkenda par sa lettre du 31 janvier 2022 le prouvent sur toute la ligne.

Ainsi, le dernier rebondissement dans cette affaire ressort des révélations contenues dans cette correspondance du président du Conseil d’administration d’Afriland First Bank CD aux actionnaires et administrateurs de cette banque.

Dans cette correspondance, les nouveaux administrateurs d’Afriland First Bank CD sont accusés de « faux et usage de faux » par leur collègue, président du conseil d’administration, qui, rappelons-le, avait déjà dénoncé la violation, au niveau de la banque, des règles de supervision bancaire émises par la Banque Centrale du Congo (BCC).

Dans sa lettre, Jacques Nkenda en épingle quelques-uns. C’est notamment le cas lorsqu’il rappelle que « l’adoption par le Conseil d’administration d’un budget pour l’exercice 2022, non préparé et non présenté par la Direction générale de la banque, non débattu par les administrateurs eux-mêmes, est une violation grave des principes de gouvernance et de la loi en vigueur ». « Je ne voudrais pas en être comptable plus tard », se dit-il.

Dans sa lettre, Jacques Nkenda va plus loin et indique avoir découvert que « toutes les matières à traiter au Conseil d’administration du 21 janvier 2022 avaient déjà été vidées ailleurs et par d’autres personnes », sans que tous les administrateurs ne soient associés au préalable.

Il va plus loin en relevant que ces décisions avaient « déjà été prises sans vote et sans débats ». Qui pis est, Jacques Nkenda note qu’un procès-verbal de la réunion avait déjà été établi par M. Jean Paul Kamdem, ne lui restant plus que la seule formalité d’y apposer des signatures.

A ce propos, il ne cache pas sa colère : « Je constate qu’il y a une volonté clairement affichée par l’actionnaire majoritaire et ses apparentés de ne pas laisser les administrateurs travailler en toute indépendance au sein du Conseil d’administration d’une part, et d’affronter inutilement l’autorité de contrôle et de régulation, d’autre part, mais surtout une détermination à ne pas mettre à notre disposition et ce, préalablement à toute réunion du Conseil, toutes les informations nécessaires devant nous permettre d’examiner les points inscrits à l’ordre du jour et de prendre les résolutions de manière éclairée et libre ».

Une situation déplorable, fait-il remarquer, qui traduit tout le désordre délibérément entretenu au sein de la filiale congolaise d’Afriland First Bank.

Pour toutes ces raisons, Jacques Nkenda est d’avis que l’actionnaire majoritaire d’Afriland CD et ses affidés défient l’autorité de régulation en lui cachant des informations qui doivent faire l’objet d’un débat au sein du Conseil d’administration. C’est pour protester contre ces dysfonctionnements qu’il dit avoir retiré sa signature sur le procès-verbal et sur toutes les résolutions qui s’y trouvent.

Des sources recoupées par Econews rapportent cependant qu’une dame, bien placée, dans la hiérarchie d’Afriland First Bank CD, sert de relais de communication et serait chargée du gros travail de sape pour détourner l’attention de la BCC sur les vrais problèmes de cette banque.

Les décisions prises par ce Conseil sont, notamment la mise à l’écart du directeur général adjoint et DG a.i, Patrick Kafindo.

En sa qualité de régulateur du système bancaire congolais et de garant de bon fonctionnement des banques commerciales opérant en RDC, la balle est bien évidemment dans le camp de Mme la gouverneure de la BCC pour remettre de l’ordre. Sortie du moule du Fonds monétaire international (FMI), on sait d’ores et déjà que Mme la gouverneure ne se laissera pas entrainer aussi facilement dans la voie de ceux qui ont décidé de mettre à terre Afriland First Bank DRC. A la Banque Centrale du Congo, il s’agit juste de faire respecter la règlementation bancaire en décourageant toute pratique illicite.

En pièces jointes, la lettre de dénonciation-démission du PCA d’Afriland First Bank CD.

Econews