A l’assaut du Grand Kasaï : Félix Tshisekedi ce vendredi à Mbujimayi, une ville où tout est à refaire

Après la Turquie et la Belgique, aussitôt rentré à Kinshasa, le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi va à la conquête du Grand Kasaï, son terroir. Première étape : Mbuji-Mayi, chef-lieu de la province du Kasaï Oriental, qui l’avait élu député national aux législatives de 2011. Sur place, le Président de la République va trouver une ville à refaire où Mbuji-Mayi. « Tshilejelu », ce projet qui devait redonner à la ville une belle image peine à décoller. Dans le Grand Kasaï, le Chef de l’Etat va certes communier avec sa base naturelle, mais il va aussi mesurer l’urgence qu’il y a à remettre de l’ordre dans divers projets et programmes annoncés en faveur de ce coin délaissé de la République Démocratique du Congo.        

Le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, accompagné de la première dame, Denise Nyakeru, va à la conquête du Congo profond, précisément du Grand Kasaï, son fief naturel. Il débute ce périple ce vendredi 24 décembre par la ville de Mbujimayi au Kasaï Oriental, sa province d’origine.

Pour la première fois, depuis qu’il est aux commandes de la République Démocratique du Congo, il va palper du doigt les réalités de cette ville avec le calvaire que vivent ses compatriotes et frères de cette partie du pays. Il ne manquera pas de présenter le bilan de ses trois ans à la tête du pays et, sans doute, dénoncer les divers croque-en-jambes qui retardent la mise en œuvre de nombreux projets lancés en faveur de la province du Kasaï Oriental, particulièrement le projet «Tshilejelu ». Sans oublier la relance de la Minière de Bakwanga (MIBA) qui attend beaucoup de son fils du terroir.

En effet, la tournée réussie de son désormais rival politique, Moïse Katumbi Chapwe, dans les provinces démembrées de l’ex-province Orientale, lui aurait sûrement donné l’idée de se jeter lui aussi dans la bataille pré-électorale. Et même si nul n’est prophète chez soi, Félix Tshisekedi s’est quand même résolu de prendre le taureau par les cornes en allant communier avec les Congolais du Grand Kasaï.

Dans l’espace Kasaï, tout est à refaire, à commencer par les infrastructures de base quasiment inexistantes, sans compter l’eau et l’électricité qui passent pour une denrée rare.

Du pain sur la planche

A Mbuji-Mayi, où il a été élu député national en 2011, ses électeurs se plaignent de la dégradation avancée de cette ville et dénoncent la non-réalisation du projet «Tshilejelu», dont le financement, dit-on, aurait pris une autre destination.     

Sur les réseaux sociaux, à quelques heures de l’arrivée de Félix Tshisekedi, un habitent de Mbuji-Mayi a interpellé, à sa manière, le Chef de l’Etat : «Fatshi Béton, Président de la République, c’est ce mercredi 22 décembre, pratiquement la veille de votre visite à Mbuji-Mayi, qu’ils ont tenté de se servir des limonites pour remblayer la route de la Cathédrale. Ils savent que c’est celle que vous avez l’habitude d’emprunter. Nous avons prié les ancêtres pour que la pluie tombe et confonde ces voleurs. Ils avaient déjà fait pareil lorsque la Première Dame a séjourné ici en remblayant nuitamment. ‘Tshilejelu’ n’existe pas. L’argent a été détourné pour l’achat et la construction des parcelles privées. Il n’y a aucune route ici, c’est de la boue. Nous souffrons. Nous ne sommes pas contents et vous le faisons savoir. Nous pensons que vous venez avec des réponses concrètes à nos attentes, à nos souffrances ».

La situation est pratiquement pareille dans d’autres agglomérations dans lesquelles se rendra le couple présidentiel.

Trois ans après son accession à la magistrature, Félix Tshisekedi a donc décidé d’aller directement parler à ses frères du Kasaï. Que leur dira-t-il ? Parviendra-t-il à les convaincre ?

C’est dire que Félix Tshisekedi aura du pain sur la planche pour dissuader le peuple du Grand Kasaï à s’inscrire dans sa vision. Sa visite, la première depuis son élection, est celle de la reconquête du Grand Kasaï, son fief naturel.  

Olivier Dioso