Malgré les engagements pris avec le FMI (Fonds monétaire international), les dépenses en mode urgence ont grimpé à 22,1% des dépenses totales au 22 août 2025, loin de l’objectif de 8% convenu avec le Fonds. Une situation qui soulève des questions sur le contrôle des finances publiques et la capacité du Gouvernement à maîtriser ses dépenses, à l’approche d’une revue cruciale par le FMI.
En effet, la République Démocratique du Congo voit ses dépenses en mode urgence s’envoler, défiant les objectifs de rigueur budgétaire. Selon les dernières estimations de la Banque Centrale du Congo (BCC), ces dépenses, dites exceptionnelles, ont atteint 22,1% du total des dépenses au 22 août 2025, soit l’équivalent de 1,936 milliard USD. Un chiffre bien loin de la promesse gouvernementale de les ramener autour de 8%.
Cette tendance ascendante interroge : la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a-t-elle perdu le contrôle des dépenses publiques ? Arrive-t-elle à imposer une discipline budgétaire à ses ministres des Finances et du Budget ?
Alors que l’arrivée imminente de l’équipe du FMI pour la deuxième revue des programmes FEC et FRD approche, la pression monte sur les experts gouvernementaux pour qu’ils colmatent les brèches.
Une progression inquiétante
Les données de la BCC sont sans équivoque : au 22 août, le cumul des dépenses exceptionnelles s’élève à 4.210,351 milliards de CDF (1,472 milliard USD), représentant 21,2% de l’ensemble des dépenses exécutées. Cette situation n’est pas nouvelle. Fin juillet 2025, elles représentaient déjà 30% des dépenses totales.
Cette hausse confirme une tendance observée depuis 2024, où le gouvernement avait clôturé l’exercice avec 14,3% de dépenses exceptionnelles, un taux qui était déjà monté à 15,7% au premier trimestre 2025. Le FMI avait alors interpellé Kinshasa sur la nécessité de réduire ces dépenses pour respecter la chaîne des dépenses.
Les dépenses exceptionnelles, exécutées en urgence, court-circuitent le processus budgétaire normal. Au lieu de respecter les quatre étapes obligatoires – engagement, liquidation, ordonnancement et paiement – elles passent directement de l’engagement au paiement, souvent sans les pièces justificatives nécessaires. Cette pratique expose le Trésor public à un risque élevé de détournement et de mauvaise gestion, le « coulage » des fonds publics devenant une menace concrète.
Francis N.