Sous la pression diplomatique des États-Unis, la coalition rebelle AFC/M23 a plié, permettant la réouverture de la mine d’étain de Bisie (Nord-Kivu), fermée en mars face à l’avancée des groupes armés.
Portée par des intérêts anglo-saxons, la société Alphamin a annoncé mercredi la reprise de ses activités, sur fond de manœuvres stratégiques de Washington pour sécuriser l’accès aux métaux critiques. En toile de fond, l’ombre de Massad Boulos, conseiller Afrique de Donald Trump, dont le passage dans la région a précipité ce revirement, et celle des géants Denham Capital (57 % du capital) et Gerald Metals, maillons clés d’une chaîne d’influence liant transition énergétique, high-tech.
Le redémarrage de la mine coïncide avec la visite récente dans la région des Grands Lacs de Massad Boulos, conseiller Afrique de l’ancien président américain Donald Trump. Ce dernier avait évoqué publiquement, mardi depuis Kigali, une reprise imminente des opérations à Bisie, soulignant l’implication directe des États-Unis. Selon plusieurs observateurs, cette annonce reflète les pressions exercées par Washington sur les acteurs locaux pour sécuriser des intérêts miniers stratégiques, dans un contexte de compétition mondiale pour l’accès aux métaux critiques.
Denham Capital et Gerald Metals, piliers de l’influence occidentale
Derrière Alphamin se trouvent deux poids lourds anglo-saxons. Le fonds d’investissement Denham Capital, basé à Londres et Boston, détient 57 % du capital de la société minière. Spécialisé dans les infrastructures durables et les métaux rares, ce fonds vise à concurrencer l’hégémonie chinoise dans le secteur. La relance de Bisie a d’ailleurs provoqué un bond de 28 % de l’action Alphamin à la Bourse de Toronto le 9 avril, renforçant la valorisation de Denham.
Autre acteur clé : Gerald Metals, négociant en matières premières et client exclusif d’Alphamin. Bien qu’officiellement basée à Londres, cette entreprise entretient des liens étroits avec les industries high-tech américaines, grandes consommatrices d’étain. Elle écoule la totalité de la production de Bisie, essentielle pour l’électronique et la transition énergétique.
Avec 6 % de l’étain extrait mondialement en 2024, Bisie occupe une place cruciale dans un marché tendu, notamment depuis la paralysie prolongée de la mine birmane de Man Maw. Toutefois, la stabilité du site congolais reste précaire : les rebelles, repoussés à 130 km de la mine, pourraient menacer à nouveau les opérations en cas de regain de violence.
Vers un accord sécuritaire États-Unis-RDC ?
La réouverture de la mine d(étain de Bisie s’accompagne de discussions entre Washington et Kinshasa sur un partenariat inédit : une assistance militaire américaine dans l’Est congolais en échange d’un accès privilégié aux minerais stratégiques. Si cet accord se concrétise, il marquerait un tournant dans l’engagement des États-Unis en RDC, où la Chine dominait jusqu’ici les ressources minières.
La situation à Bisie cristallise ainsi les défis locaux et les rivalités géopolitiques, alors que la course aux métaux rares s’intensifie. Reste à savoir si la présence accrue des intérêts occidentaux apportera une stabilité durable – ou alimentera de nouvelles tensions.
Alors que Bisie pèse 6 % de l’étain mondial, et que sa relance a fait bondir de 28 % l’action Alphamin à Toronto, la stabilité du site reste fragile : les rebelles, repoussés à 130 km, pourraient ressurgir. Washington mise désormais sur un accord sécuritaire avec Kinshasa, échangeant une présence militaire contre des minerais stratégiques – un pas de plus dans la guerre silencieuse pour les ressources africaines.
Econews