Fake news ou pas, les réseaux sociaux signalent toutefois la sortie de la République Démocratique du Congo de l’ex-gouverneur de la province du Kongo Central. Alors qu’au niveau du pays, Atou Matubuana Nkuluki était attendu par la justice, vendredi 10 septembre 2021, pour s’expliquer sur le détournement de fonds dont l’accuse l’Inspection générale des Finances. Le collectif des avocats de l’ancien chef de l’exécutif provincial du Kongo Central contredira-t-il les réseaux sociaux ?
Aussitôt informé de son éviction à la tête de la province du Kongo Central, Atou Matubuana a cherché à se soustraire des poursuites judiciaires à la suite de la plainte déposée contre sa personne au Parquet général près la Cour de Cassation par l’Inspection générale des Finances.
La guerre juridique engagée par le collectif de ses avocats s’étant révélée infectieuse de paille, le Vice-premier ministre, ministre en charge de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, Daniel Aselo, est passé à la vitesse supérieure pour rétablir un climat de paix dans la province du Kongo Central.
A cet effet, il nommera le vice-gouverneur Justin Luemba Makoso au poste de gouverneur intérimaire en attendant l’organisation prochaine des élections dans quatorze provinces à problème.
Selon les réseaux sociaux, Atou Matubuana Nkuluki séjournerait déjà en dehors du pays. Cette source indique également que c’est un policier affecté au marché frontalier de Lufu (dans la province du Kongo Central) qui a confirmé avoir vu Atou Matu-buana fuir nuitamment en Angola avec l’aide d’une députée provinciale du Kongo Central et de l’administrateur du marché Lufu.
Pour rappel, l’Inspection générale des Finances attribue à l’ex-gouverneur de la province du Kongo central un détournement de fonds de l’ordre de 6.116.626.205 Fc, soit 3.058.313 Usd, au taux de change moyen de 2.000 Fc.
Justin Luemba Makoso entre en fonction
Notifié gouverneur intérimaire de la province du Kongo Central, Justin Luemba Makoso a officiellement pris ses fonctions mercredi 8 septembre 2021. Invité à prendre la parole par l’inspecteur de la territoriale du Kongo Central au cours de la cérémonie organisée pour la circonstance, il a remercié Dieu pour l’accomplissement de sa promesse. Il a fait autant au chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour l’honneur qu’il vient de lui faire en le désignant au poste de gouverneur intérimaire.
Le nouveau chef de l’administration provinciale a également souligné que sa présence à la tête de la province du Kongo Central n’est nullement un motif de règlement de comptes, ni de clivages politiques, mais plutôt l’établissement d’un Etat de droit avec comme incidence la matérialisation de la vision du chef de l’Etat.
Pour un choix judicieux
Pour avoir décidé de l’éviction d’Atou Matubuana Nkuluki, l’Assemblée provinciale du Kongo Central sous la présidence de Pierre Anatole Matusila, était accusée de tous les maux. Des «images de la honte» ont même circulé sur les réseaux sociaux faisant vivre les écarts de langage entre lui et l’actuel président de l’Assemblée provinciale, Jean-Claude Vuemba. En conséquence, la province a fonctionné durant l’année 2020 sans budget voté par l’organe délibérant.
Maintenant que la justice vient d’avoir raison sur la mauvaise gestion longtemps décriée au Kongo Central, les élus provinciaux sous Jean-Claude Vuemba doivent certainement avoir une conscience chargée.
Appelés à élire très prochainement la nouvelle équipe de l’exécutif provincial conformément à la Constitution, ils doivent chercher à privilégier l’intérêt supérieur de la population en portant leur choix sur des personnes crédibles tant sur le plan de la gouvernance que de la morale dont souffre la province du Kongo Central depuis deux ans.
Ainsi, en bannissant les clivages politiques et ethniques, comme l’a si bien souligné Justin Luemba lors de sa prise des fonctions, il y aura moyen de faire redécoller la province du Kongo central.
Véron Kongo