Le mardi 7 juin 2022 n’aura été finalement qu’une journée tout à fait ordinaire à Kinshasa. Un mardi de canicule avec ses cohortes de marcheurs battant le pavé, ou ces milliers d’hommes et femmes attendant un transport improbable sous un soleil de plomb. Difficile d’imaginer en milieu de matinée que la capitale congolaise attendait la visite du couple royal belge. Il est même fort à parier que les masses, dans leur grande majorité, n’étaient guère informées de l’arrivée de l’illustre hôte de leur président. Ils ont d’autres préoccupations autrement plus vitales, écartelées qu’elles sont entre la cherté de la vie, la guerre dans les Kivu et l’Ituri, un fort taux de chômage induit par une crise économique devenue endémique, la difficulté insurmontable à obtenir un visa Schengen… le tout enrobé dans la lourde chape d’une corruption généralisée.
En dépit de ce tableau sombre, le roi Philippe et la reine Mathilde sont la bienvenue dans l’ex-colonie de la Belgique. Certes, son pays est une monarchie constitutionnelle, où le roi reste à l’écart d’une politique active apparente, il n’en reste pas moins que son influence sur la démarche diplomatique de son pays est une évidence. Même s’il est mis en avant la confirmation par le monarque de la restitution des œuvres d’art emportées jadis par le colonisateur, à l’occasion de son discours devant le parlement ou sa rencontre avec les étudiants, la question du racisme auquel les Congolais de la RDC font face en Belgique notamment, sera difficilement éludée.
Il est à noter que la visite du roi des Belges intervient à une année et demi des élections législatives mais surtout de la présidentielle qui attise une tension qui va crescendo entre les oppositions et la majorité au pouvoir, du fait du manque d’un consensus autour de la loi électorale. La période du séjour royal est particulièrement bien choisie. Les stratèges diplomatiques belges ont veillé qu’elle ne soit pas trop rapprochée des échéances électorales, de peur que le roi Philippe ne soit accusé d’apporter son soutien à l’une ou l’autre partie.
Il est de tradition qu’un déplacement d’une telle importance soit couplé avec la signature d’une panoplie d’accords et autres protocoles économique. C’est la raison d’être de la présence du premier ministre De Croo et d’autres membres du gouvernement belge dans la délégation du couple royal belge. Touchons du bois.
Econews