De mémoire de Congolais lambda, jamais sans doute l’annonce d’une interpellation de membres du gouvernement par un député national n’aura créé autant de remous. Revêtu de son armure d’élu de Bukavu-Centre, le député Maisha se croit dans son plein droit d’exprimer ses inquiétudes au sujet des contrats conclus par le gouvernement avec l’entreprise émiratie Primera. L’enjeu est de taille, comme on le conçoit. Sans remettre en question le partenariat qui confère à l’Emirati Primera la latitude des achats de l’or exploité artisanalement dans le Kivu dont les retombées sont incontestables, le député Maisha accuse les ministres des Finances, des Mines et de la Justice d’avoir conclu en parfaite opacité de nouveaux contrats qui confèrent à Primera le monopole sur une période de 25 ans de l’exploitation des ressources minières sur les concessions de la société Sakima à travers deux nouvelles sociétés dénommées respectivement Primera Gold (pour l’or) et Primera Metal (pour le coltan, cassitérite, etc.). Une opinion largement partagée sur les réseaux sociaux qui a eu le mérite de faire sortir le gouvernement de ses gonds.
Et pour cause. Le capital constitutif respectif des deux sociétés ne serait que de … 20.000 dollars US. Un bradage en règle des intérêts miniers nationaux, selon le député Maisha.
Faux ! rétorque le gouvernement. Le ministre des Finances Nicolas Kazadi et le directeur de cabinet adjoint du chef de l’Etat, André Wameso, conviés au briefing hebdomadaire par le ministre de la Communication Patrick Muyaya, ont tenu à descendre en flammes l’hypothèse de l’élu de Bukavu-centre qualifiée de malveillante.
Selon eux, le montant allégué par celui qu’ils qualifient d’avocat-député est conforme aux dispositions légales de création d’une Société anonyme (SA). Celui-ci aurait malicieusement omis de relever que Primera aurait à ce jour permis aux exploitants artisanaux d’engranger plus de 900 mille dollars US de royalties payés par voie bancaire, échappant du coup au circuit souterrain rwandais.
Dans l’attente que les trois ministres consentent à fournir des éclaircissements à la plénière de l’Assemblée nationale (dont la session s’ouvre le 15 septembre), l’opinion aura largement le temps de se faire sa propre religion.
Entre les tenants de la vérité vraie et ceux de la défense patriotique de la souveraineté nationale, les deux camps se confondant du reste, la bataille sera rude. Croisons les doigts.
Econews