La dernière interview de Moïse Katumbi dans les colonnes de Jeune Afrique n’a pas laissé indifférent le camp présidentiel. Après avoir perdu Vital Kamerhe, emprisonné, le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, ne voudrait pas laisser échapper un allié de taille au sein de l’Union sacrée de la nation. Si Moïse Katumbi, leader d’Ensemble pour la République, n’a pas caché ses frustrations, en réponse aux questions de Jeune Afrique, il a eu néanmoins le mérite d’avoir réellement atteint la cible. Pour ramener le calme dans les rangs de l’Union sacrée de la nation, Félix Tshisekedi a chargé Christophe Mboso N’Kodia, président de l’Assemblée nationale, de jouer à la médiation. Depuis lundi, des émissaires de Moïse Katumbi sont à Kinshasa, à l’invitation, dit-on, de Mboso. Il s’agit d’engager des pourparlers directs pour, indique-ton, laver enfin les linges sales en famille. Premier sujet des discussions : la répartition des rôles à la Céni. Avant d’attaquer d’autres sujets qui fâchent, particulièrement la loi sur la «Congolité».
La question de la désignation des animateurs de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est désormais sur la table des discussions au sein de l’Union sacrée de la nation (USN). Le président de l’Assemblée nationale, Christophe Mboso N’Kodia Pwanga, sait très bien qu’au sein de la coalition au pouvoir actuellement, les violons doivent s’accorder parce qu’il y a énormément de points de divergences.
La dernière sortie médiatique de Moïse Katumbi a donné une parfaite illustration de ce qui va se passer dans les prochains jours. En fait, la rencontre autour de Mboso entre des délégués de Katumbi et de l’USN sonne l’heure de vérité entre les deux «frères» : Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et Moïse Katumbi Chapwe.
L’heure a sonné pour que l’un et l’autre sortent leurs jeux. Mais le dossier CENI n’est que le premier round d’une saga qui pourrait en compter trois.
Verser dans la politique, personne ne voudra être celui par qui la faute va incomber. Ce n’est donc pas l’ancien gouverneur le plus populaire du pays qui acceptera de porter cette responsabilité. Il a tracé les deux lignes rouges, en l’occurrence le consensus autour de la Céni et la loi sur la «Congolité».
Consolider les digues de l’USN
C’est dire que le camp Tshisekedi sait ce qu’ils sont censés faire pour assurer la cohésion au sein de la coalition au pouvoir tractée par l’UDPS. Il suffit d’éviter ces interdits pour que rien ne se passe.
Même alors, Katumbi sait qu’il doit tirer les leçons de l’épisode G7 de septembre 2015. Cette fois, c’est quasiment certain qu’Ensemble pour la République, son parti, quittera l’USN à la dernière minute, sauf si la mauvaise foi du camp Tshisekedi se transforme en provocation honteuse.
Du côté de l’UDPS et du Chef de l’Etat, il est question de démontrer à la face du monde leur bonne foi en ne poussant pas ses nouveaux partenaires vers la porte de sortie. Katumbi et les siens n’attendent que cette occasion pour quitter la barque sans se faire prier. Tous ceux qui s’intéressent aux affaires congolaises se feront une idée précise de la parole de l’UDPS.
Sensible à un discours négatif sur ses engagements politiques, le Président de la République ne voudra pas d’une telle situation embarrassante.
Le deuxième épisode de ces deux tourtereaux qui se détestent depuis quelque temps ne tardera pas de surgir des couloirs du Palais du peuple. L’issue du présent épisode autour de la Céni ne serait qu’un préliminaire après l’interview vérité de Katumbi sur Jeune Afrique.
Hugo Tamusa