Lors du Sommet sur le cobalt à Singapour, le directeur général de l’Autorité de régulation et de contrôle du marché des substances minérales stratégiques (ARCOMS), Patrick Luabeya, a annoncé que la République Démocratique du Congo (RDC) allait instaurer des limitations aux exportations – quotas d’exportation – de cobalt.
Cette décision s’inscrit dans la continuité de la stratégie des autorités congolaises à gagner le contrôle sur le marché du cobalt. L’interdiction d’exportation ne pouvant être maintenue indéfiniment, la levée qui arrivera devra être accompagnée des mesures d’accompagnement telle que l’établissement des quotas d’exportation pour contrôler tant soit peu le marché. L’objectif est d’éviter que les bénéfices de cette interdiction, notamment la remontée des prix sur le marché international, ne soient annulés par une reprise désorganisée des exportations.
Une mesure pour prévenir une pression à la baisse sur les prix
L’annonce intervient dans un contexte marqué par la déclaration du groupe chinois CMOC (China Molybdenum), premier producteur mondial de cobalt, qui prévoit une production record. Elle a déjà annoncé une production record pour le premier trimestre 2025, avec une hausse de 20,7 % par rapport à la même période en 2024. En 2024, CMOC représentait à lui seul environ 53% de la production mondiale de cobalt.
Les autorités congolaises redoutent que cette offre massive ne sature à nouveau le marché, entraînant une chute des prix, comme cela a été observé par le passé. L’instauration de quotas d’exportation vise donc à préserver une certaine stabilité des prix et à renforcer le rôle de l’État congolais dans la régulation du marché du cobalt.
Une source anonyme au sein de la Gécamines, l’entreprise minière congolaise, nous confirmait la volonté de la Gécamines et des autorités congolaises à multiplier les mesures visant à contrôler davantage le marché.
Il ne faut pas oublier que l’idée d’établir des quotas d’exportation n’est pas nouvelle. Les autorités le Gécamines l’évoquent depuis bientôt deux ans. La levée de la mesure d’interdiction d’exportation offre l’opportunité finalement d’y faire recours sans trop froisser les entreprises minières. Même s’il n’est pas certain que cela plaise aux entrepises chinoises présentent dans le pays.
Cette annonce marque une étape importante dans les efforts de la RDC pour reprendre la main sur un secteur stratégique dominé jusqu’ici par de grandes entreprises chinoises, notamment CMOC, qui opère les sites de Tenke Fungurume Mining (TFM) et Kisanfu Mining (KFM).
En affirmant sa volonté de réguler les volumes exportés, Kinshasa cherche à peser davantage sur les dynamiques du marché mondial du cobalt, ressource essentielle à la transition énergétique mondiale. Cette décision peut aussi ouvrir la voie à de nouvelles discussions sur la juste répartition des bénéfices, la transparence des chaînes d’approvisionnement et la souveraineté économique des pays producteurs face aux grandes puissances industrielles.
Avec projetafriquechine.com