Après le compromis de décembre 2021 qui a mis fin aux négociations engagées entre le Gouvernement congolais et l’entreprise émiratie DP World, le projet de construction du port en eaux profondes de Banana, dans la province du Kongo central, entre dans sa phase cruciale, avant le lancement fin janvier 2022 des travaux prévus incessamment. Le Président de la Répubique a promis de faire le déplacement de Muanda, dans le Kongo Central, pour lancer ce grand chantier de son quinquennat.
Dans la joint-venture formée entre l’Etat congolais et DP World, Kinshasa vient de procéder à la nomination de ses trois administrateurs. Médard Nsiala, Laurent-Michel Bawuna et Carine Nsavu-Nzau (photo) représenteront l’Etat congolais dans cette joint-venture.
La construction du port en eaux profondes de Banana sera effectuée par DP World, filiale de Dubai World, une société de participation appartenant au gouvernement de Dubaï.
C’est le troisième exploitant portuaire au monde avec 49 ports, elle prévoit d’en acquérir 12 autres, dont celui de Banana où elle détient 66% des parts. La RDC a 34% des parts dans cette joint-venture.
« Le port en eaux profondes de Banana va donner un sens à tous les grands travaux d’infrastructures du pays, en relançant un chemin de fer (suite logique à la réalisation de ce grand projet d’infrastructures), il sera le débouché naturel pour toutes les grandes routes à caractère national. Il permettra de construire une véritable zone industrielle pour tous les grands produits locaux destinés à l’exportation », estime un expert interrogé par la radio Top Congo Fm.
Les travaux du port de Banana devraient durer 15 ans, « en cinq phases. Mais le port ne pourra déjà accueillir les plus grands bateaux que dès la première phase qui, elle, s’achèvera fin 2023 », selon le contrat signé entre les deux parties. Le coût total des travaux du grand projet est de 1,3 milliard de dollars américains, dont « 300 millions pour la première phase ». La construction et l’exploitation devraient créer des milliers d’emplois dans la province du Kongo Central.
Kinshasa et DP World regardent dans la même direction
L’avènement de Félix Tshisekedi à la Présidence de la République Démocratique du Congo a changé les choses pour le projet du port en eaux profondes de Banana. Le président Tshisekedi a voulu renégocier les accords avec le partenaire émirate pour rééquilibrer les choses des précédents contrats.
Le 11 décembre 2021, en présence du Président de la République, du Premier ministre, des ministres des Transports, du Budget et des Finances d’une part, d’un ministre des Émirats Arabes Unis et du président de DP World, deux contrats ont été ratifiés. Les deux documents visent à créer un pacte d’actionnaires entre le gouvernement congolais et le manutentionnaire DP World. Le second document constitue le contrat de concession du port de Banana. La signature de ces documents lance la construction de ce projet. Les travaux sont attendus de démarrer au premier trimestre 2022.
Cette signature intervenait après des atermoiements entre la Présidence de la RDC et DP World. En effet, en mars 2018, le précédent gouvernement de la RDC a signé avec le manutentionnaire de Dubaï un contrat pour la construction et la concession d’un port en eaux profondes à Banana, dans l’ouest du pays. Dénoncé par des lanceurs d’alerte, le contrat a été passé à la loupe par le président Tshisekedi. Des journalistes ont dénoncé la présence trop marquée de l’ancien président de la République au travers de sociétés écrans.
Après examen, le contrat signé en mars 2018 a été revu, notamment 34 clauses. Il a fallu des négociations entre les deux parties pour arriver à révisiter ce contrat.
Le 13 décembre 2021, deux jours plus tard, le Président de la République de la RDC a rappelé son attachement à ce projet dans son discours sur l’état de la Nation devant les députés et les sénateurs réunis. Après avoir rappelé les différents travaux entrepris sur le réseau routier national, Félix Tshisekedi a placé, dans les actions de 2022, le port de Banana en première position.
Un projet de 1,3 milliards USD
La construction de ce port doit se faire avant le bitumage des routes du pays, à en croire la liste énumérée par le magistrat suprême. Le projet de ce port est estimé à environ 1,3 milliards USD et devrait durer deux ans. Il est prévu de construire, dans un premier temps, un quai de 600 m et une zone logistique de 25 hectares.
Le port de Banana permettra à la RDC de disposer d’une porte de sortie maritime en eaux profondes. A ce jour, la RDC dispose d’un port à Matadi dont le tirant d’eau varie aux environs de 5 m. Pour recevoir les plus grands navires, les opérateurs logistiques de la RDC sont obligés de se tourner vers les ports des pays voisins, comme celui de Pointe-Noire, en République du Congo.
Francis M.