La RDC a constitué une cellule stratégique de 22 membres pour négocier avec l’administration Trump un partenariat minier historique. Mais l’absence surprenante d’Arthur Katalayi, expert congolais mondialement reconnu et pourtant bien introduit à Washington, suscite l’incompréhension des milieux d’affaires américains. Alors que ce dossier crucial pour la transition énergétique mondiale pèse 173 trillions de dollars, pourquoi Kinshasa écarte-t-il un atout majeur dans ces négociations ? Décryptage d’une omission qui interroge.
La récente création d’une Cellule stratégique de 22 membres par la RDC pour piloter les négociations minières avec les États-Unis fait déjà polémique. L’absence notable d’Arthur Katalayi, pourtant considéré comme l’un des Congolais les mieux connectés aux cercles du pouvoir américain, soulève des questions sur la stratégie de Kinshasa dans ce dossier crucial.
Un partenariat stratégique sous tension
Le partenariat RDC-USA, estimé à 173 trillions de dollars selon Bloomberg, concerne les minerais critiques essentiels à la transition énergétique (cuivre, cobalt, lithium…). L’administration Trump, par la voix du Secrétaire au Commerce Howard Lutnick, presse la RDC de sécuriser ces approvisionnements vitaux pour les industries américaines.
Pourtant, la liste des 22 membres de la cellule congolaise, publiée en mai 2025, exclut un nom qui fait autorité dans les milieux miniers internationaux : Arthur Katalayi. Cet expert de 42 ans, ancien conseiller stratégique d’Albert Yuma à la Gécamines, possède un profil unique combinant expertise minière et relations privilégiées avec Wall Street, la Silicon Valley et Washington.
Un réseau international exceptionnel
Connu sous le surnom de « The Katalyst » aux États-Unis, Katalayi a collaboré avec des figures comme Tim Cook (Apple), Robert Friedland (Ivanhoe Mines) ou encore Jack Rosen, président influent du Congrès Juif Américain. Sélectionné en 2017 parmi les 100 personnalités africaines les plus influentes par les Nations Unies, il incarne cette nouvelle génération d’experts africains parfaitement intégrés dans les arcanes du pouvoir économique mondial.
« Son exclusion est incompréhensible », confie un analyste minier basé à Dubaï sous couvert d’anonymat. « Alors que les Américains cherchent des interlocuteurs fiables, la RDC écarte celui qui pourrait justement faciliter ce dialogue stratégique. »
Les raisons d’une exclusion controversée
Plusieurs hypothèses circulent sur cette absence, notamment une méfiance envers les profils « diaspora » perçus comme trop indépendants du système politique congolais ; des rivalités internes au sein des cercles miniers nationaux et une volonté de contrôler étroitement les négociations sans intermédiaires externes
Contacté par notre rédaction, le cabinet du Président Tshisekedi n’a pas souhaité commenter cette absence, se bornant à rappeler « le caractère exhaustif du processus de sélection ».
Un risque pour les intérêts congolais ?
Certains experts craignent que cette décision n’affaiblisse la position congolaise : « Dans un contexte où les États-Unis veulent rapidement des résultats concrets, écarter un interlocuteur naturel comme Katalayi pourrait être perçu comme un manque de sérieux » analyse un diplomate européen en poste à Kinshasa.
D’autres voix appellent à élargir la cellule à des experts reconnus comme Marie-Chantal Kanynda ou Yves Kabongo, pour renforcer sa crédibilité technique.
Alors que le délai de 180 jours donné par Trump à son administration pour sécuriser les approvisionnements en minerais critiques arrive à échéance en octobre 2025, la RDC devra rapidement prouver sa capacité à mener ces négociations complexes. La question de l’intégration de profils comme Katalayi pourrait resurgir si les discussions patinent.
Une source proche du dossier nous confie : « Il reste possible d’ajuster la composition de la cellule. Tout dépendra de l’évolution des négociations dans les prochaines semaines. »
Entre volonté de contrôle souverain et nécessité d’expertise internationale, la RDC devra trouver le bon équilibre pour maximiser les retombées de ce partenariat stratégique. L’enjeu dépasse les personnes : il s’agit de positionner durablement le Congo comme acteur incontournable de la transition énergétique mondiale.
CP

