Bien que prévue par la Constitution de la République Démocratique du Congo, mise jadis en application de manière progressive et matérialisée depuis 2019, la gratuité de l’enseignement de base fonctionne encore à tâtons, à telle enseigne qu’elle fait l’objet d’interprétations diverses. Après analyse de la situation, le constat qui se dégage est qu’il y a, non seulement absence de communication de la part du ministère concerné qu’est l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique, mais aussi la cupidité qui caractérise les agents du secteur éducatif. D’où la formation que viennent de bénéficier les professionnels des médias étant donné qu’ils ont la mission de donner la bonne information pour que le fonctionnement de la gratuité d’enseignement de base ne puisse plus prêter à équivoque.
«L’importance de la gouvernance de la gratuité de l’éducation de base », tel est le thème de la formation dispensée, jeudi 24 mars 2002, aux professionnels des médias membres du RJAE (Réseau des journalistes amis de l’enfant), par le Projet Accélère II avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF).
Le but de cette formation a été d’orienter la recherche de l’information, échanger sur la matérialisation du système de gratuité de l’enseignement de base pour sa totale réussite, entre autres, la disponibilité d’infrastructures adéquates et l’augmentation des salaires des enseignants.
Les thèmes développés par les experts du Projet Accélère II ont été liés à la gratuité de l’enseignement de base dans ses aspects relatifs à la gouvernance et au budget de l’éducation.
Mme Tianny Ntumba, spécialiste de la gouvernance, s’est attardée sur les questions techniques et les enjeux actuels en donnant un aperçu global du secteur de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Technique, son fonctionnement, en invitant les professionnels des médias à chercher et donner la bonne information.
M. Gaspard Nlandu, spécialiste de la gratuité et son financement, a, quant à lui, mis l’accent sur le budget de l’éducation en énumérant diverses étapes qui interviennent dans le processus budgétaire, notamment l’appropriation et l’exécution d’un budget. Une fois le budget disponibilisé, a-t-il fait savoir, il faut établir le plan de trésorerie et la chaîne des dépenses.
Pour Gaspard Nlandu, la gratuité est un défi qu’il faut surmonter pour entrer dans le développement.
S’agissant des classes plétoriques dues à un afflux d’élèves à l’école que l’on déplore depuis la matérialisation du système de gratuité de l’enseignement de base, le problème, a-t-il souligné, se pose au niveau des infrastructures, d’autant plus que l’Etat n’a pas pu encadrer le secteur privé. D’où le retour massif des élèves à l’officiel.
Un autre intervenant, M. Pierre, a dressé un tableau sombre du SECOPE (Service de contrôle et de la paie des enseignants) dont la création remonte à 1985. Il l’a qualifié de résultante d’un constat d’échec du budget de l’Etat compte tenu des discordances énormes à son revenu par rapport aux autres ministères. A ce jour, a-t-il révélé, 4200 écoles fonctionnent avec des faux arrêtés.
Pour remettre le SECOPE sur les rails, Pierre estime qu’il faut refaire une application qui fonctionnerait convenablement et supprimer les doublons, car, avec un effectif pléthorique d’agents, le SECOPE coûte cher à l’Etat.
Pour sa part, Danny Mungamuni, un autre membre du Projet Accélère II, a planché sur l’efficacité des bureaux gestionnaires et les réformes institutionnelles.
Un bureau gestionnaire, a-t-il indiqué, est une structure de l’EPST (central et local) qui assure directement ou indirectement une gestion administrative, pédagogique, financière, communique les instructions et gère les meubles du patrimoine.
Danny Mungamuni a cependant déploré la pléthore du personnel tant au niveau central que local qui rend le travail inefficace.
A l’EPST, a-t-il également relevé, on assiste à un chevauchement des directions dont la plupart étaient jadis des divisions.
Pour rendre efficace le système de gratuité de l’éducation de base, Danny Mungamuni en appelle ainsi au respect des normes et lois en vigueur; au courage du ministère de l’EPST de restructurer son secteur en disposant des structures qui lui apportent du nouveau; à la nécessité d’avoir un plan de retraite; au verrouillage du processus des bureaux gestionnaires; au respect du cycle de planification; à la révisitation et la mise en application du cadre organique; au recrutement sur la base des besoins et, enfin, à la signature d’un décret pour mettre fin aux désordres.
Véron Kongo