Les violons semblent s’accorder entre le gouvernement et le banc syndical des professeurs des universités et instituts supérieurs du secteur public après les travaux de la commission paritaire qui viennent de se dérouler à Bibwa dans la commune de la N’Sele à Kinshasa. Bien que les activités académiques aient repris timidement, les remous persistent et la paix sociale prétendument restaurée n’est que de façade. Les professeurs locaux sont montés au créneau pour fustiger les inégalités dans leur traitement par rapport à leurs collègues visiteurs.
Depuis quelques jours, un climat malsain règne au sein du corps professoral des universités et instituts supérieurs du secteur public. Des informations en notre possession, il ressort que les enseignants locaux crient aux inégalités de traitement.
En effet, il existe deux catégories de professeurs à l’enseignement supérieur et universitaire, à savoir ceux travaillant à temps plein au pays et leurs collègues de la diaspora généralement retraités. Ces derniers viennent enseigner pour quelques semaines, voire pour un mois. Parmi eux, rapporte-t-on, certains ont bénéficié des bourses d’études, mais ont refusé de rentrer au pays. «Curieusement, les professeurs visiteurs sont les plus considérés, les plus privilégiés. Ils sont fréquemment nommés et montent en grade sans pourtant travailler à temps plein», déplorent les professeurs locaux qui crient à l’injustice.
Devant cette politique de deux poids, deux mesures, les professeurs locaux accusent de complicité les autorités issues de la diaspora et surtout d’être à la base de cette discrimination. Ils se sentent alors lésés et pointent leurs collègues de la diaspora de jouir avec l’argent de l’Etat congolais sans vraiment s’adonner au travail, car, ils bénéficient de dons et autres avantages de l’Etat en travaillant partiellement.
L’un des professeurs qui a requis l’anonymat soutient que, dans les pays organisés, les professeurs qui travaillent partiellement sont payés proportionnellement au temps écoulé et la différence d’argent permet de consolider les salaires des professeurs qui travaillent à temps plein et mécaniser les nouveaux docteurs à thèse.
Le cri de détresse des professeurs locaux est donc lancé aux autorités du pays afin de réparer ce traitement inégal à la lumière du tableau peint ci-dessus.
Sont ainsi interpellés, le ministre de l’Enseignement Supérieur et universitaire ainsi que ses collègues des Finances et du Budget. Les professeurs locaux attirent leur attention sur la dilapidation de l’argent des contribuables, en payant les professeurs qui ont choisi de vivre à l’étranger avec une prestation de service de 50 % au pays.
Le SG a.i. du CAMES en séjour à Kinshasa
Par ailleurs, au cours de la réunion hebdomadaire du gouvernement, tenue vendredi 8 avril 2022, le ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, Muhindo Nzangi, a annoncé l’organisation à Kinshasa, du 24 au 27 mai prochain, de la 39ème session ordinaire des ministres du Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES). Seize ministres de ce secteur y sont attendus.
Cette réunion, précise le compte rendu, est une organisation intergouvernementale à laquelle la RDC a adhéré en 2011. Elle est une structure présentée comme un modèle de coopération culturelle et scientifique interuniversitaire des Etats membres.
C’est dans ce cadre que le secrétaire général intérimaire du CAMES a séjourné dernièrement à Kinshasa pour s’imprégner de l’état d’avancement des préparatifs de cette rencontre.
Véron Kongo