Et si Muhindo avait raison…

Un médecin qui accuse publiquement ses confrères de négligence dans la mort de sa fille, et qui rameute la police dans les installations mêmes de l’hôpital pour faire un constat, c’est pour le moins inhabituel et, disons-le carrément, surréaliste.
La situation vécue à l’hôpital général de Kinshasa (l’ex-hôpital Mama Yemo) met en lumière l’interrogation sur la qualité des médecins formés dans les Facultés de médecine de la République Démocratique du Congo. Il existe même de faux Doctas qui exercent impunément, bien qu’ils soient bien connus de leurs confrères qui n’en… peuvent mais, compte tenu des origines ou des relations que ces derniers entretiennent dans les hautes sphères du pouvoir.
Il n’est pas rare en effet, d’entendre que tel individu, qui fréquentait à peine la Fac, est devenu «médecin» grâce à son père, plusieurs fois ministre, ou à une relation haut placée.
L’opinion a beau jeu de se gausser et de porter un regard critique sur les cohortes de diplômés en sciences humaines que vomissent les universités congolaises chaque année, dont les capacités et compétences, plus que discutables, s’étalent à longueur de journée sous les yeux d’employeurs et/ou d’auditeurs et téléspectateurs médusés.
Mais elle (l’opinion) ne fait pas grand cas des dérives dans les établissements hospitaliers, où des médecins mal formés pratiquent la médecine de la mort. Cela va de faux diagnostics destinés à effrayer le patient dans le but de lui soutirer des sommes astronomiques, aux césariennes imaginaires aux issues fatales. La pauvreté et l’ignorance ambiante des masses les rendent incapables d’engager des poursuites judiciaires contre les médecins criminels, retranchés derrière le faux caractère sacré de la blouse blanche que beaucoup ne méritent pas d’enfiler.
A se demander si le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Nzangi, n’avait pas raison de fermer des facultés de médecine dépendant des universités elles-mêmes à la viabilité douteuse.
A se demander aussi si ce n’est pas à juste titre que les Congolais nantis et leurs dirigeants fuient comme la peste les hôpitaux de leur pays pour se faire soigner à l’étranger.
L’Ordre des Médecins, de son côté, ne doit pas faire l’autruche et poursuivre l’inscription de futurs médecins au tableau de l’Ordre selon des critères mal déterminés. Un concours devrait pouvoir épargner les patients de désagréments mortels.

ECONEWS