On en sait pas grand’chose sur l’interpellation, mardi sur le tarmac de l’aéroport international de N’Djili, de Salomon Idi Kalonda, dit SK Della, l’un des fidèles lieutenants de Moïse Katumbi, président d’Ensemble pour la République, parti de l’Opposition. Selon des bribes d’informations parvenues à Econews, on rapporte que ce proche de Katumbi a été interpellé pour des «faits graves» touchant à la sécurité intérieure. Les mêmes sources indiquent qu’aussitôt interpellé à l’aéroport international de N’Djili, Salomon SK Della a été conduit dans les locaux de l’Etat-major des renseignements militaires (EMRM, ex-DEMIAP). Dans l’Opposition, plus précisément dans le Bloc formé entre Katumbi, Matata, Fayulu et Sesanga, on dénonce une arrestation arbitraire qui va à l’encontre de l’Etat de droit. «C’est un acharnement qui vise à fragiliser Moïse Katumbi.», se dit-on dans l’entourage du chairman d’Ensemble pour la République. Ce qui n’ébranle nullement la ferme volonté des Renseignements militaires, bien déterminés à faire toute la lumière sur cette affaire.
Proche collaborateur de Moïse Katumbi qu’il ne quitte jamais, Salomon Idi Kalonda, dit SK Della, a été interpellé et arrêté mardi sur le tarmac de l’aéroport international de N’Djili, alors qu’il se préparait à embarquer sur un vol à destination de Lubumbashi.
Mardi, la nouvelle de son arrestation a fait le tour de la toile, alimentant la chronique dans tous les sens. C’est finalement dans la soirée que des sources concordantes ont rapporté que ce proche de Katumbi était en détention dans les locaux de l’Etat-major des renseignements militaires (EMRM) que dirige le général-major Christian Ndaywel.
Que lui reproche-t-on ? On n’en sait pas grand’chose – en tout cas pour l’instant.
Le plus évident est que Salomon SK Della a passé mardi sa première nuit dans les cachots de l’EMRM (ex-Demiap) pour des «faits potentiellement très graves et très compromettants», dit-on, qui touchent à «la sécurité intérieure». De quelle nature sont-ils ? Difficile à dire.
En tout cas, d’après ses proches, Salomon SK Della devait rester encore pendant un temps relativement long entre les mains des Renseignements militaires.
Est-ce que les faits, dits «graves et compromettants» qui sont mis à sa charge pourraient facilement remonter jusqu’à son patron, Moïse Katumbi ? Des sources recoupées par Econews excluent présentement cette hypothèse, en attendant que les autorités militaires de l’EMRM se prononcent officiellement sur cette affaire.
«Ces derniers ne se sont pas encore prononcé sur le sujet. Nous en saurons certainement un peu plus dans les prochaines heures », a dit à Econews une source militaire qui suit de près ce dossier.
Tollé général dans l’Opposition
A l’Opposition, plus particulièrement dans l’aile dure qui s’est formée autour de Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Augustin Matata Ponyo et Delly Sesanga, on digère mal cette arrestation.
Sur son compte twitter, Moïse Katumbi n’a pas fait dans la dentelle : «L’arrestation arbitraire & illégale de mon conseiller spécial Salomon Kalonda à l’aéroport de Ndjili est un enlèvement crapuleux. Aucune base juridique. Fin de l’Etat de droit. Que lui reproche-t-on ? Où a-t-il été emmené ? Les autorités doivent s’expliquer et le libérer ! »
Matata Ponyo n’a pas non plus été tendre, commentant de manière virulente cette arrestation, sur son compte twitter : «Je viens d’apprendre que Salomon Idi Kalonda, l’un des collaborateurs les plus proches de Moïse Katumbi, vient d’être enlevé en plein aéroport de Kinshasa par des hommes en tenue civile par un pick up double cabine. Je proteste contre ce type de dictature et réclame sa libération».
Revenant sur les images de cette arrestation, Matata ne cache pas son indignation : «Voilà comment le collaborateur immédiat d’un opposant politique et candidat président de la République est traité en RDC. Voilà l’image d’un État de droit à Kinshasa. Quel jour un Congolais accepterait d’être collaborateur d’un politicien dans le pays? La démocratie est morte».
Delly Sesanga s’est dit tout aussi offusqué : «L’enlèvement des acteurs politiques pour les réduire au silence est une pratique condamnable propre aux dictatures. Après l’enlèvement de mon collaborateur Omelonga Lens, détenu depuis plus de 30 jours à l’ANR, je déplore celui de Salomon Kalonda aujourd’hui à l’aéro de Ndjili ».
Membre du Bloc de l’Opposition, Martin Fayulu note, à son tour, que «l’arrestation brutale et illégale de Salomon Kalonda est une illustration de plus de la dérive dictatoriale en cours en RDC. Le rétrécissement des libertés publiques et l’arbitraire ramènent notre pays en arrière. Nous assistons aux signes avant-coureur d’un régime sur la fin ».
Pour l’instant, le Gouvernement a décidé de se mettre à l’écart de cette affaire, préférant, sans doute, laisser les mains libres aux Renseignements pour reconstituer tous les éléments de puzzle qui ont finalement conduit à l’arrestation de Salomon SK Della.
On en saura sûrement un peu plus, comme l’a rappelé une source, dans les heures qui viennent. Pour l’instant, c’est depuis les cachots de l’EMRM que ce proche de Katumbi attendra le sort qui lui sera réservé. Mais, le fait qu’il soit pris en charge par les Renseignements militaires prouvent, dans une certaine mesure, que les faits mis à charge toucheraient directement à la sécurité intérieure.
Son arrestation suppose donc deux hypothèses. Soit il est juste auditionné pour des allégations parvenues à l’EMRM, soit il a été témoin ou collaborateur passif d’une tentative d’atteinte à la sécurité intérieure. C’est sur quoi les Renseignements voudraient peut-être obtenir sa déposition.
Quoi qu’il en soit, sa proximité avec Moïse Katumbi ne manquera de pousser les observateurs à rechercher une connexion avec une éventuelle main politique. Pour l’instant, on n’en est pas encore là. Les prochaines heures finiront par apporter un brin de lumière à cette saga qui ne fait que commencer.
Econews