La CENCO monte au créneau contre Jean-Pierre Bemba après ses accusations incendiaires visant l’Église catholique. Le vice-Premier ministre et leader du MLC est accusé de proférer des « inepties » en l’impliquant dans un prétendu complot avec l’opposition. Pire, l’institution épiscopale dénonce le silence complice des autorités face à ces déclarations jugées dangereuses pour la cohésion nationale. Mgr Nshole interpelle directement la justice et l’Assemblée nationale : jusqu’à quand cette impunité verbale ?
La tension monte entre Jean-Pierre Bemba, vice-Premier ministre en charge des Transports et leader du Mouvement de Libération du Congo (MLC), et l’Église catholique congolaise. Après des déclarations polémiques du dirigeant politique, accusant l’Église de comploter avec l’opposition – notamment Joseph Kabila et Moïse Katumbi – pour « déstabiliser le pays », la CENCO (Conférence épiscopale nationale du Congo) a réagi avec une rare virulence.
Dans un communiqué cinglant, relayé par son secrétaire général, Mgr Donatien Nshole, l’institution épiscopale a qualifié les propos de Bemba d’« inepties» et dénoncé une attaque infondée contre l’Église catholique, cible récurrente du leader du MLC depuis les élections de 2023.
Mais au-delà de la controverse, la CENCO s’inquiète surtout du silence complice des autorités congolaises. « Normalement, le procureur général près la Cour de cassation, ainsi que l’Assemblée nationale, devraient se saisir d’office », a déclaré Mgr Nshole, soulignant l’absence de réaction des institutions de la République, malgré la gravité des accusations proférées.
Un malaise politique et institutionnel
L’absence de réaction officielle de la part du gouvernement ou de la justice interroge. Pourquoi un membre éminent de l’exécutif peut-il impunément accuser l’Église – acteur clé de la médiation et de la stabilité sociale en RDC – sans que sa hiérarchie ou les institutions judiciaires ne s’en émeuvent ?
Cette passivité alimente les spéculations sur d’éventuelles divisions au sein de la majorité, voire une instrumen-talisation politique des tensions. La CENCO, en tout cas, ne compte pas laisser passer ces attaques : elle rappelle son rôle historique dans la pacification du pays et exige des clarifications.
Jean-Pierre Bemba, connu pour ses prises de parole incendiaires, devra-t-il rendre des comptes ? La balle est désormais dans le camp de la justice et de l’Assemblée nationale. Mais dans un contexte politique déjà tendu, cette nouvelle polémique risque d’attiser les divisions, alors que le pays a surtout besoin d’apaisement.
C’est dire qu’en dénonçant ces « inepties », la CENCO envoie un message clair aux autorités : le respect des institutions et la préservation de la cohésion nationale ne sont pas négociables.


Tighana masiala

