Je suis Sénégal

Jamais, mais alors jamais depuis les indépendances africaines à l’orée des années 60, analystes politiques, éditorialistes, philosophes et autres penseurs en tous genres n’avaient imaginé l’incroyable schéma de la dernière élection présidentielle au Sénégal.

Voici un président arrivé en fin de mandat qui hésite à prendre la porte. A sa décharge, Macky Sall annonce avec pompe son intention de ne plus briguer un troisième mandat, propulsant son premier ministre Amadou Ba dans la course. L’opposant Ousmane Sonko, député maire de Ziguinchor, est embastillé. Son parti, le PASTEF, est dissous. Sauf que ce dernier n’a pas dit son dernier mot et désigne son bras droit, le quadragénaire Bassirou Diomaye Faye, dans la compétition où se retrouvent des poids lourds de la politique sénégalaise, à l’instar de Khalifa Sall, ancien maire de Dakar.

‘élection organisée en une seule journée au Sénégal et à l’étranger a été un modèle du genre, qui a plongé l’Afrique dans la stupéfaction, tant le continent est accoutumé aux magouilles allant des révisions constitutionnelles aux manipulations des commissions électorales, en passant par des cours constitutionnelles à consonances tribales préalablement motivées.

Dès la publication des premières tendances qui donnaient Bassirou Diomaye Faye en tête, la Toile s’est aussitôt enflammée. Des internautes congolais s’en sont donnés à cœur joie et relevé la honte après les scrutins organisés dans leur pays quatre mois plus tôt. Un processus élastique étalé sur une semaine entière, où des résultats de la CENI étaient publiés alors que dans le pays profond des électeurs continuaient le vote souvent dans des résidences privées où des machines à voter fonctionnaient dans une parfaite illégalité.
Dans les palais présidentiels des capitales africaines, la gêne n’est pas absente. L’exemple du Sénégal fera date non seulement par son caractère qui vient d’infliger une leçon aux dictateurs en herbe ou franchement affirmés. De Yaounde à Malabo en passant par Kinshasa, Kigali et Kampala, pour ne citer que ces capitales aux politiques ambivalentes, les régimes en ont pris un grand coup.

Et pour enfoncer le clou, les félicitations du Président Macky Sall et de son dauphin au vainqueur de la présidentielle est de nature d’ôter le sommeil à Denis Kadima et sa Commission électorale nationale indépendante qui a perdu toute considération après un processus électoral qui, lui aussi fera date, mais de la pire des manières.
JE SUIS SENEGAL ! S’exclament à juste titre les peuples d’Afrique qui aspirent à retrouver ce modèle de démocratie confisqué par des oligarchies prédatrices.

Econews