Tout le monde le sait, le plan mis en place par le Rwanda et ses alliés internationaux depuis l’AFDL pour piller les ressources minières à l’Est du pays était d’orienter tous les réfugiés rwandais vers le Congo pour trouver un alibi d’entrer dans notre pays. A l’époque, les dirigeants congolais n’avaient pas compris cette stratégie que le Rwanda continue à utiliser encore aujourd’hui pour justifier la présence de ses troupes dans notre pays et le soutien qu’il apporte au M23.
30 ans après, les dirigeants congolais continuent à tomber dans le même piège de croire que si on neutralise les FDRL, les troupes rwandaises partiront du Congo. C’est une perception trop simplifiée du problème.
Depuis bien longtemps, le combat du Rwanda a toujours été de convaincre le monde entier que sa présence au Congo est justifiée par le souci de se protéger et de neutraliser les FDLR. Une stratégie qui n’est pas différente de celle de Moscou en Ukraine.
Tous les congolais devraient se rappeler que sous le Président KABILA les troupes rwandaises sont venues plusieurs fois au Congo pour traquer les FDLR, mais personne ne sait exactement combien ont été capturés, combien ont été tués et combien sont encore vivants à ce jour.
Après toutes ces opérations militaires au Congo, le Rwanda n’a jamais mis fin à «l’activisme des FDLR». Il continue à utiliser le même argument pour piller et endeuiller les congolais. Si c’est la poursuite des FDLR qui est la principale raison du soutien au M23, pourquoi ce mouvement est impliqué dans l’exploitation illégale des minerais qui sont amenés au Rwanda ?
Ce conflit dure bientôt 30 ans.
Pour le résoudre, le Rwanda a toujours pris des engagements mais ne les a jamais respectés. Ce qui s’est passé à Luanda la semaine passée est une stratégie bien pensée.
Il est surprenant d’apprendre que lors de la réunion tenue le 21 avril 2024, à Luanda, entre la délégation du Rwanda et celle de la République Démocratique du Congo, les représentants de notre pays se sont engagés à présenter un plan de neutralisation des FDL accompagné d’un programme d’actions. Alors que son côté, le Rwanda ne s’est engagé à rien, à part promettre qu’il s’engagerait à revoir les mesures et le dispositif pris pour sa sécurité au vu de la mise en œuvre du plan de neutralisation des FDLR.
Une fois de plus, c’est le Rwanda qui redevient le maitre du jeu. C’est lui qui doit apprécier la mise en œuvre du plan et décider s’il doit quitter le Congo ou pas. Et comme son objectif est de piller le pays, il ne dira jamais que la mise en œuvre du plan de neutralisation lui donne satisfaction. En d’autres termes, le Rwanda va rester au Congo avec la bénédiction de nos propres autorités qui ont accepté cette supercherie.
Il y a lieu de constater que la délégation du Congo a renoncé à ses préalables : désarmement et cantonnement du M23, d’une part, et la libération des territoires occupés par le M23, d’autre part. Ce qui est totalement dommage. On n’y fait même pas allusion.
La prochaine réunion entre les deux délégations ne tournera plus sur les engagements repris dans le communiqué du mini-sommet de Luanda du 23 novembre 2022, mais sur le plan de neutralisation des FDLR accompagné d’un programme d’action que le Congo devra présenter. Le Rwanda lui ne présentera rien. La charge de l’avenir du processus repose sur l’agressé, l’agresseur est libre de tout engagement.
Voici quelques questions que je me pose en tant que citoyen :
- Est-ce que la délégation du Congo est à la hauteur de la charge qu’on lui a confiée au vu des résultats obtenus ?
- Pourquoi les préalables de la RDC ne sont pas repris dans le compte rendu de la réunion de Luanda?
- Est-ce que l’agressé (RDC) n’a-t-il pas rendu l’agresseur maître du jeu ?
- Est-ce que le plan de neutralisation des FDLR accompagné d’un programme d’actions ne permet-il pas au Rwanda de rester au Congo ?
Une fois de plus, le Congo a perdu.
Prenons le temps de réfléchir à l’avenir de notre pays. Là, on est engagé dans une mauvaise direction.
Fait à Kinshasa, le 26 mars 2024.
Me Jean-Claude Katende
Président de l’ASADHO