Don’t acte. Le Troisième Conclave des chefs d’Etat de la Communauté de l’Afrique de l’Est, consacré au conflit en République Démocratique du Congo a clôturé ses assises le 20 juin dernier à Nairobi, au Kenya. Sans grande surprise, les dirigeants des sept pays membres ont appelé à un cessez-le-feu immédiat dans la partie orientale de la RDC. Mais surtout, il a été convenu de la constitution d’une force militaire conjointe sous le commandement du Kenya. Enfin, une consolation : Kinshasa a obtenu que le Rwanda n’en fasse pas partie. C’est d’ailleurs le contraire qui aurait étonné.
Rédigé dans la plus pure des langues de bois diplomatiques, et comme pour ménager la susceptibilité maladive du président rwandais, le communiqué final ne fait nulle part mention de l’agression de la RDC par le Rwanda, au même titre que le M23 qui, lui, transparaît à peine dans le paragraphe consacré aux groupes rebelles invités à déposer les armes. Nulle part non plus il n’est exigé du mouvement rebelle, auxiliaire reconnu de Kigali, d’évacuer la cité frontalière de Bunagana qu’il occupe depuis plus d’une semaine.
Le Conclave de Nairobi laisse de ce fait un goût d’inachevé. Désormais, la RDC s’attend à voir débarquer, au cours des semaines à venir, une énième force régionale destinée à traquer les quelque 120 mouvements rebelles qui écument l’Est du pays, avec pour point d’orgue, la confrontation inévitable avec l’armée rwandaise qui s’incruste, et installe une administration dans les zones occupées. Une occupation traduite par la réouverture du poste frontalier de Bunagana, pourvoyeur d’une manne financière promise à alimenter l’effort de guerre du M23 et les caisses du Congo Office établi à Kigali.
Les yeux des observateurs restent à présent rivés sur la composition de la Force de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Est. Nul doute que les pays membres, abstraction faite du Rwanda, vont se lancer à la ruée vers le Congo et ses immenses richesses. Quoique représentée à Nairobi par l’ambassadeur John Steven Shimbachawene, la présidente tanzanienne a exprimé fort justement le sentiment général. Dans une déclaration relayée par la BBC, Mme Hassan Sulu ne met pas de gants. Elle invite ses pairs africains à se coaliser afin de mettre un terme à l’instabilité en RDC : « La RDC est un grand pays. Un marché immense. Chaque pays doit se tailler un chemin pour s’y rendre ».
Seuls les dirigeants congolais semblent n’avoir pas compris à ce jour que les «autres» voient leur pays comme un trou noir et au pire, comme une terre qui n’appartient à personne, et qui attise toutes les convoitises.