Les dirigeants français ont dénoncé les récents propos du Premier ministre malien. Ce dernier a accusé la France d’« abandonner » le Mali, en réduisant sa présence militaire. C’est faux, a réagi Paris.
Les autorités françaises n’ont pas du tout ap-précié le récent discours du Premier ministre malien à la tribune de l’ONU.
Le Premier ministre malien Choguel Maïga a affirmé samedi à la tribune des Nations unies que l’annonce par le président Emmanuel Macron en juin de la réorganisation de la présence militaire française, avec la fin programmée de Barkhane, représentait pour le Mali «une espèce d’abandon en plein vol », dénonçant un «manque de concertation et une décision unilatérale».
Réactions du commandant de la force Barkhane
Le nouveau commandant de Barkhane, le général Laurent Michon, a assuré qu’au contraire la décision d’évacuer les forces françaises de leurs trois positions les plus septentrionales au Mali avait été mûrement réfléchie et discutée.
« Le projet de quitter Kidal, Tessalit et Tombouctou date d’il y a à peu près deux ans, 18 mois à deux ans. Il a été élaboré avec les chefs d’Etat de la zone G5 (G5 Sahel: Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad, NDLR), notamment à Bamako et à Niamey avec des autorités politiques qui connaissent le projet, qui le souhaitent, dans le cadre de l’Accord de paix», a-t-il indiqué.
Le plan français prévoit une évacuation de Kidal, Tessalit et Tombouctou pour recentrer les effectifs autour de Gao et Ménaka, plus près de la « zone des trois frontières », aux confins du Niger et du Burkina Faso.
« Si le Premier ministre évoque par là le fait que nous retirions notre présence symbolique dans ces trois garnisons, ce n’est absolument pas un abandon; c’est une relève sur position, en termes militaires on appelle ça une relève sur position. Dans ces trois endroits, dans ces trois garnisons les unités de la MINUSMA et surtout celles des FAMA sont implantées solidement implantées et il ne s’agit nullement d’un abandon », a-t-il assuré en référence aux Casques bleus de la Mission de l’ONU (Minusma) et aux forces armées maliennes.
Réactions du gouvernement français
Même son de cloche au ministère français des Affaires étrangères. «La transformation de notre dispositif militaire au Sahel ne constitue ni un départ du Mali, ni une décision unilatérale et il est faux d’affirmer le contraire», a ainsi déclaré la porte-parole du Quai d’Orsay.
Quant à la ministre française des Armées, sa réaction est encore plus virulente. Florence Parly dénonce l’«indécence » des propos du Premier ministre malien, qui s’est exprimé au lendemain de la mort d’un soldat français au Mali. «De là à s’essuyer les pieds sur le sang des soldats français, c’est inacceptable», a tonné Florence Parly.
« Il n’y a pas de désengagement français, je tiens à commencer par rétablir des contre-vérités (…) Quand on a 5.000 soldats et qu’on se désengage de trois emprises, et qu’on a l’intention d’en laisser encore plusieurs milliers, lorsqu’on déploie au Sahel des blindés dernier cri (…) ce n’est pas l’attitude normale d’un pays qui a l’intention de s’en aller », a fait valoir la ministre des Armées Florence Parly lors d’une conférence devant des étudiants de Sciences-Po Paris.
Barkhane et Wagner
Paris va-t-il mettre fin à son projet de transformation profonde de sa présence militaire au sahel ?
Le retrait de Barkane annoncé pour ce mois de septembre semble se heurter à une guerre de communication. Le général de la force française a répondu aux propos du Premier ministre malien, qui accuse la France d’avoir unilatéralement décidé de quitter les trois importantes bases de Tessalit, Kidal et Tombouctou.
En effet, c’est le 10 juin dernier que le président français Emmanuel Macron, dévoilait ce que devrait être la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure, trois mois plus tard, Paris parle plutôt de relève sur position.
Et pour répondre au vide que laisserait le redéploiement de la force Barkhane – forte de 5.000 hommes dans les trois garnisons de Tessalit, Tombouctou et Kidal, Bamako semble avoir trouvé une solution, la société russe Wagner, présente également en Centrafrique. Sauf que ce choix est au cœur de vives contestations. Plusieurs pays occidentaux, dont la France font pression sur le gouvernement malien arguant des exactions imputées aux instructeurs de Wagner.
La France disposait jusque-là de 5.000 soldats engagés au Sahel dans le cadre de l’opération «Barkhane». Leur nombre devrait être ramené entre 2.500 et 3.000.
Vu de Bamako, cela ressemble à un désengagement, et cela suffit à justifier l’ouverture de discussions avec la société paramilitaire russe «Wagner».
La France a averti Bamako qu’une implication du groupe Wagner au Mali serait incompatible avec sa présence militaire et celle d’autres pays et organisations internationales sur le terrain. En réaction, Bamako, brandit sa souveraineté et se dit libre de s’accorder des services de pays avec lesquels le Mali entretient des accords.
Econews avec Euronews