En l’espace d’un mois, deux émissaires des Etats-Unis ont été dépêchés en République Démocratique du Congo pour s’entretenir directement avec le Chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Le premier à fouler le sol de la RDC était un haut cadre de la direction de la sécurité intérieure des Etats-Unis, avant le deuxième, sortant de la sphère militaire, ne lui emboîte le pas. Qu’est-ce qui pouvait bien intéresser Washington au point d’envoyer en mission officielle à Kinshasa ces deux émissaires. On ne saura jamais ce qui se passe réellement sur l’axe Kinshasa-Washington. Quoi que liées par un partenariat, dit stratégique, les deux parties ont sûrement des choses à harmoniser. En réalité, Washington cherche à obtenir plus de garanties de Félix Tshisekedi, après lui avoir apporté tout son appui dès son arrivée au pouvoir. S’inquiéterait-on déjà de la tournure que prennent les événements en RDC, à quelques mois des élections générales de 2023 ? S’il n’y a encore aucune réponse précise à cette interrogation, on sait néanmoins que, depuis Washington, Félix Tshisekedi est scruté de plus près.
Serait-ce la fin de l’idylle entre les États-Unis et le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ? La question mérite d’être posée et des réponses claires doivent être données afin de rassurer tout le monde. Quel est le problème ?
Des visites des sécurocrates et militaires américains sont devenues régulières en République Démocratique du Congo. Une chose est sûre, aux États-Unis, on veut que le partenariat privilégié ait un sens. On veut tout aussi que des engagements soient respectés de part et d’autre. Si tout va bien, Oncle Sam déploie des diplomates qui ont comme spécialité d’enrober des vérités en arrondissant les angles. Ce qui n’est pas le cas depuis quelque temps. Mais sécurocrates et militaires exposent les choses sans user des circonlocutions.
Des délégations sont donc dépêchées auprès du Président Tshisekedi pour lui expliquer les approches américaines des questions sécuritaires et militaires de la RDC et de la région des Grands Lacs africains de peur, sans doute, qu’il prenne des initiatives qui énervent leur partenariat «privilégié».
Des visites qui intriguent
Au départ, il y a eu d’abord un responsable du Conseil national de sécurité des Etats-Unis qui est passé à Kinshasa. Quelques jours après, c’est le Conseiller spécial en matière de sécurité du président de République, François Beya, qui a été arrêté par l’Agence nationale de renseignements (ANR). Y aurait-il un lien entre les deux événements ? Difficile à confirmer. On sait néanmoins que Félix Tshisekedi bénéficie de bonnes entrées à Washington, si bien qu’une éventuelle collaboration des services américains dans l’interpellation ne peut être exclue à première vue.
Puis, il y eu une délégation militaire qui a rendu visite au Chef de l’Etat. A ce propos, le Président de la République a reçu, le mercredi 2 mars 2022, dans son cabinet de travail de la cité de l’Union Africaine une délégation américaine mixte des Etats-Unis, composée d’officiers militaires de la Task force opérationnelle sud-européenne et africaine ainsi que de membres du département américain du Travail.
Au sortir de l’audience, Mme Aida Borras, commandant de cette Task Force, a dit que la sécurité, la coopération et l’assistance en coopération entre la RDC et les Etats-Unis, la professionnalisation des militaires congolais, le respect des droits de l’Homme et la nécessité de promouvoir de bonnes relations avec les pays de la région ont figuré au menu de leurs échanges avec le Président Félix Tshisekedi.
La succession des faits prouve qu’il y a de bonnes raisons de s’interroger.
Cette visite des militaires américains, qui est intervenue après la tenue du sommet sur la paix et la sécurité en RDC et dans la région des Grands lacs, ne manque pas de signification.
Selon des diplomates à Washington, on est convaincu que le Président Tshisekedi serait en train de négocier un tournant pour s’offrir un deuxième mandat. Les financements du FMI ne suffisent qu’à maintenir le pays hors de l’eau. Mais le peuple veut des résultats, particulièrement la paix dans l’Est du pays. Pour y parvenir, le Chef de l’Etat est tenu de remplir plusieurs engagements. Il doit aussi se donner des moyens d’atteindre ces objectifs, la période de grâce étant largement dépassée.
Amicalement, mais fermement, Washington s’est mis en position d’en exiger un peu plus au Président de la République en termes des résultats sur le terrain. Depuis Washington, une forte pression est exercée sur Tshisekedi. A quelques années des élections générales, les Etats-Unis ont mis le curseur sur la RDC pour que tout se passe en ordre, sans perturber le partenariat conclu avec la RDC.
Econews